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Déterminée, Kiana Kryeziu s'apprête à s'envoler pour la Chine où la skieuse de 17 ans deviendra la première Kosovare à participer à des Jeux olympiques d'hiver avec l'envie de porter au plus haut les couleurs de sa jeune nation.
"C'est un très grand honneur", explique Kiana Kryeziu, spécialiste du slalom et du slalom géant, à l'AFP durant sa dernière séance d'entraînement au Kosovo avant le coup d'envoi des JO-2022 de Pékin (4-20 fév).
"Je veux vraiment placer le Kosovo le plus haut possible au classement".
La qualification de la skieuse fait la fierté du Kosovo, où les difficultés économiques et l'instabilité due aux dissensions avec la Serbie pèsent lourd sur les conditions de vie et le moral de la population.
"Je vis pour des nouvelles comme ça. On en a assez des histoires déprimantes sur le coronavirus, la pollution environnementale et la crise énergétique", commente Gentian Haxhiu, étudiant en école de commerce de 26 ans.
Pour beaucoup, la réussite des sportifs kosovars représente le moyen de renforcer la visibilité du territoire sur la scène internationale.
La Serbie n'a jamais reconnu l'indépendance de son ancienne province déclarée en 2008 une décennie après une guerre meurtrière, pas plus que de nombreux autres pays au premier rang desquels la Chine et la Russie.
Depuis qu'il a intégré le Comité international olympique (CIO) en 2014, le Kosovo n'a participé qu'à trois éditions des JO (2016, 2018, 2020).
Malgré une population minuscule de 1,8 million d'habitants, le territoire affiche un bilan olympique déjà remarquable, avec trois médailles d'or, toutes remportées en judo féminin.
- "Porter une montagne" -
"Notre représentation à ces JO renforce clairement l'image de notre Etat", déclare Ismet Krasniqi, le président du Comité olympique kosovar.
Kiana Kryeziu n'a jamais encore participé à une épreuve de Coupe du monde et elle ne pourra pas viser l'or ou même le podium olympique face aux reines du ski alpin que sont Mikaela Shiffrin et Petra Vlhova.
Mais elle espère bien ne pas démériter après les titres olympiques des judokates Distria Krasniqi et Nora Gjakova aux JO de Tokyo l'été dernier.
L'adolescente a commencé à skier vers ses cinq ou six ans, tombant immédiatement amoureuse du sport grâce au soutien de sa famille qui l'a encouragée à poursuivre ses rêves de carrière professionnelle.
"Avant de rejoindre l'équipe nationale, tous les financements venaient du budget familial", raconte-t-elle.
"C'était comme porter le poids d'une montagne sur les épaules", reconnaît son père Visar, photographe professionnel pour des médias étrangers.
"Quand on prend en compte le fait que le ski alpin est un sport très cher et le PIB du Kosovo, on se rend compte que c'est une énorme étape à franchir pour atteindre les Jeux olympiques", souligne-t-il.
Le père de la sportive rappelle qu'il "est de cette génération qui ne pouvait même pas rêver des JO en raison des problèmes du Kosovo".
La Serbie de Slobodan Milosevic avait aboli l'autonomie de la province à majorité albanaise au début des années 1990, déclenchant une profonde crise qui allait se transformer en conflit armé entre indépendantistes kosovars et forces serbes. La guerre ne prit fin en 1999 qu'avec une campagne de bombardements de l'Otan.
Aujourd'hui, sa fille va se frotter aux meilleures. “Je veux essayer d'être à 10 secondes de la première", lance-t-elle. "Je vais skier avec mes idoles, des gens que je vois à la télé depuis longtemps. Ca va être fantastique".
X.Wong--DT