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"J'aimerais avoir un peu de la confiance" de Kylian Mbappé, confie Marie-Antoinette Katoto dans un entretien à l'AFP, où la buteuse du Paris SG et de l'équipe de France évoque ses statistiques flatteuses et ses célébrations marquantes, pas faites "pour emmerder ou faire parler".
Q: Vous avez déjà joué 36 matches cette saison avec les Bleues et le PSG, sans gros pépin physique. Comment l'expliquez-vous?
R: "Je travaille beaucoup en dehors du terrain, que ce soit des séances de renforcement ou de récupération. Je suis une grosse dormeuse aussi, c'est important quand on enchaîne beaucoup (sourires)."
Q: Et vous voilà à 37 buts en 36 matches.
R: "(Elle coupe) Ah oui? C'est beaucoup hein... Ils sortent d'où les 37?"
Q: Treize en sélection et vingt-quatre en club. Visiblement vous ne prêtez pas attention à ces statistiques?
R: "Non, pas trop. Je regarde plus en fin de saison. Avant, je ne calcule pas trop."
Q: Vous êtes souvent comparée à Kylian Mbappé: même âge, même club, même efficacité. La quête de records l'anime, pas vous?
R: "On a deux personnalités différentes. C'est un très bon garçon, très gentil, adorable. J'aimerais avoir un peu de la confiance qu'il a en lui. Je ne dis pas que je n'en ai pas, mais je devrais avoir le juste milieu."
Q: Lui affirme que la confiance est nécessaire pour un buteur.
R: "C'est pas facile d'être comme ça... Quand je ne marque pas pendant un, deux ou trois matches ça commence à trotter dans la tête. Mais je continue de travailler et je sais que ça va revenir. Parfois il faut juste du temps."
Q: L'ex-footballeur Eric Carrière a cessé ses activités de consultant TV car l'obsession pour les statistiques prenait plus d'importance que le jeu selon lui. Vous comprenez cela?
R: "Oui. J'ai été formée ici à Clairefontaine, on a naturellement développé chez nous l'intelligence de jeu. Ça m'est déjà arrivé de marquer mais, dans le jeu, ça n'était pas trop ça, je n'étais pas contente."
Q: Les Françaises abordent l'Euro-2022 (6-31 juillet) avec une force de frappe offensive impressionnante. Votre étiquette de favorites est-elle dangereuse?
R: "Oui il faut faire attention. On connaît l'équipe de France féminine, surtout en compétition, ça nous frustre aussi (aucun titre, NDLR). On espère faire beaucoup mieux que les compétitions précédentes. Pour bien attaquer, il faut aussi une très bonne défense et on l'a, avec un bon milieu de terrain aussi. On peut faire de belles choses, on a tout à gagner. Les anciennes compétitions se sont mal passées pour l'équipe de France donc on ne peut faire que mieux."
Q: La phase de qualification a été marquée fin 2020 par des tensions entre la sélectionneuse Corinne Diacre et sa capitaine Amandine Henry. Vous aviez célébré un but en rendant hommage à la Lyonnaise restée en tribune. Etait-ce spontané?
R: "Franchement, nous ne sommes pas des filles qui aimons les tensions, on aime vraiment pas se prendre la tête. Je connais Amandine depuis des années, c'est quelqu'un que j'apprécie. C'est une très grande joueuse, sa carrière parle pour elle. Ce n'est pas que j'hésite ou pas (à m'exprimer). Souvent des gens me demandent de célébrer pour certaines personnes. Franchement, si je devais célébrer pour toutes les personnes qui me demandent... (rires)"
Q: Malgré votre timidité, vous n'hésitez pas à défendre publiquement des partenaires, quitte à faire des remous.
R: "Quand j'aime bien les gens, je suis très protectrice, dans le bon sens. Ce n'est pas pour emmerder ou faire parler. Il y a des personnes qui sur le moment ne se sentent pas bien, j'essaye de les réconforter comme je peux. Des fois c'est peut-être maladroit, des fois c'est peut-être mal interprété. Mais on en discute et on passe à autre chose. Des fois je fais des erreurs et je sais me remettre en question, je sais l'accepter."
Q: Faites-vous référence à votre célébration en février contre les Pays-Bas pour Aminata Diallo, et aux réprimandes de Corinne Diacre qui a estimé que ce n'était "ni le lieu ni le moment" pour le faire?
R: "On en a parlé. J'ai compris son point de vue, je lui ai expliqué le mien, on s'est comprises. Je pense que ç'a plus été mal interprété qu'autre chose. Je suis tous les jours avec Aminata (placée en garde à vue au début de l'affaire Hamraoui puis relâchée sans aucune charge retenue, NDLR) et je sais à quel point c'est difficile. C'était l'une des manières de lui redonner le sourire."
Entretien réalisé par Jérémy TALBOT.
C.Masood--DT