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Vous avez dit contraste ? La Ligue des champions joue l'opposition de styles cette semaine en quarts de finale aller, confrontant le virevoltant Manchester City à l'infranchissable Atlético Madrid, l'instable Chelsea à l'immuable Real Madrid, et proposant des duels déséquilibrés comme Villarreal-Bayern et Benfica-Liverpool.
Il n'y a plus que quatre pays en lice (Angleterre, Espagne, Allemagne et Portugal) mais puisqu'aucune affiche n'oppose des clubs d'une même nation, c'est l'essence même de la Coupe d'Europe qui s'annonce mardi et mercredi: des confrontations entre cultures différentes, entre moyens et talents disparates, entre vécus dissemblables au plus haut niveau.
Avec une ambition commune, atteindre le dernier carré à l'issue des matches retour la semaine prochaine.
"C'est toujours plus agréable de jouer des équipes européennes et non pas, à ce niveau, des équipes que vous croisez tant de fois dans les compétitions domestiques", a reconnu Thomas Tuchel, l'entraîneur de Chelsea, rejoint par Jürgen Klopp, son homologue de Liverpool: "La seule chose que je ne voulais pas, c'est tomber sur un club anglais".
Tous deux ont été exaucés. Et la plus belle affiche, sans conteste, oppose mercredi (21h00) le tenant du titre Chelsea au grand Real, détenteur du record de trophées dans l'histoire la C1 (13 sacres).
On a souvent glosé sur le gouffre culturel qui oppose le Real, institution espagnole plus que centenaire détenue par ses milliers de "socios" (supporters-actionnaires), et Chelsea, club transfiguré par le chéquier d'un richissime magnat.
- Tourbillon contre bloc -
C'est d'ailleurs son propriétaire russe Roman Abramovitch qui vaut aujourd'hui bien des déboires au club londonien, dont l'activité a été très sévèrement encadrée par le gouvernement britannique dans le cadre de sanctions prononcées contre plusieurs oligarques réputés proches du Kremlin, sur fond d'invasion russe en Ukraine.
Contraints de se serrer la ceinture en attendant l'éventuelle arrivée d'un nouveau propriétaire, les Blues gardent leur "bonne humeur", a assuré Tuchel. Et le collectif londonien reste redoutable, comme l'a prouvé la qualification maîtrisée en huitièmes contre Lille (2-0, 2-1).
Malgré les inquiétudes extrasportives, Chelsea aura peut-être un petit avantage psychologique sur la "Maison blanche", que l'équipe londonienne avait domptée l'an dernier en demi-finale (1-1, 2-0).
Le Real, de son côté, est irrégulier cette saison, comme lors du clasico perdu 4-0 mi-mars contre Barcelone. Mais l'équipe de Carlo Ancelotti compte sur son inégalable expérience européenne, sur Karim Benzema, auteur d'un triplé en 17 minutes contre le PSG en huitièmes (0-1, 3-1), et sur le gardien Thibaut Courtois, ancien de Chelsea, dans la forme de sa vie.
Pour Manchester City aussi il faudra aller à Madrid au match retour, mais ce sera pour y défier l'Atlético.
Peut-on faire plus différent que ces deux équipes-là ? Le tourbillon offensif de l'équipe de Pep Guardiola défie le bloc défensif de Diego Simeone. Deux conceptions du football, une même quête, celle d'une première C1, qui s'est refusée à City l'an dernier en finale contre Chelsea (1-0).
- Affiches déséquilibrées -
Reste à savoir qui triomphera mardi (21h00), entre le beau jeu parfois téméraire des "Citizens", conduits par Bernardo Silva, Ryad Mahrez ou Phil Foden, et les "Colchoneros" d'Antoine Griezmann, plaisamment décrits comme "chiants à jouer" par l'attaquant français.
Puisque les vainqueurs de ces deux affiches se croiseront en demi-finale, on pourrait voir des retrouvailles 100% anglaises Chelsea-City, un derby 100% madrilène Real-Atlético, ou bien un panachage de tout cela.
Dans l'autre partie de tableau, les deux autres affiches paraissent beaucoup plus déséquilibrées et laissent présager, si la logique est respectée, un Liverpool-Bayern en demi-finale.
Les Reds de Klopp, champions d'Europe 2019, ont les faveurs des bookmakers face au Benfica Lisbonne. "Je sais bien que les gens diront que nous sommes favoris, mais c'est la première erreur que vous pouvez commettre", a néanmoins prévenu l'entraîneur allemand.
De même, le Bayern Munich de l'insatiable Robert Lewandowski, champion d'Europe 2020, apparaît bien plus fort que Villarreal. Mais le "Sous-marin jaune" d'Unai Emery, tenant de la Ligue Europa, s'est habitué à déjouer les pronostics.
Et Oliver Kahn, patron fort en gueule du Bayern, a mis en garde les Munichois: "Personne ne doit croire que ce seront deux matches faciles".
G.Mukherjee--DT