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Elu de circonstance en 2016 en affirmant vouloir "restaurer l'image" d'une Fifa salie par la corruption, Gianni Infantino entend s'installer dans la durée, candidat depuis jeudi à un troisième mandat à la présidence de la puissante institution.
Pour l'instant, aucun adversaire crédible n'est sorti du bois pour lui contester sa réélection (la troisième et dernière), début 2023, après le prochain Mondial au Qatar. Il y a six ans, c'est pourtant en tant que candidat par défaut qu'Infantino, aujourd'hui âgé de 52 ans, a atteint le sommet du football mondial.
La Fifa est alors profondément ébranlée par un scandale de corruption impliquant son ancien président, Joseph Blatter, qui quitte par la petite porte l'institution qu'il a profondément marquée, quelques mois après l'image aussi terrible que symbolique d'une pluie de faux billets jetés par un militant lors d'une conférence de presse. Alors candidat à la succession de Blatter, Michel Platini, doit jeter l'éponge, également mis en cause.
Ancien n°2 du Français à l'UEFA, où il avait été l'architecte de la mise en place du fair-play financier et du passage à un Euro à 24 équipes en 2016, Infantino est uniquement connu du grand public pour ses apparitions lors des tirages au sort. Mais il s'est imposé comme l'homme de confiance de Michel Platini et le rouage essentiel d'une confédération européenne où il était entré en 2000 comme juriste.
Arrivé à la tête de la Fifa au gré des circonstances et de la chute de Blatter et de son ancien mentor, Infantino s'impose et est réélu en 2019.
- Mondial biennal -
Parmi ses projets phares, élargir son Mondial des clubs de 8 à 24 équipes, et l’organiser tous les quatre ans. Un projet pensé afin de stimuler la compétition internationale entre les clubs. L’UEFA est contre, mais le père de famille de quatre enfants ne rompt pas et fait adopter cette nouvelle formule à compter de juin 2021 à Miami.
Sous sa houlette, le Mondial passe aussi de 32 à 48 équipes. Ce ne sera pas dès la fin d'année au Qatar comme il l'aurait souhaité, mais en 2026, lors d’une Coupe du monde partagée entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada.
Mais son appétit de réformes se heurte aux oppositions. En mai 2021, mois de refonte du calendrier international après 2024, Infantino n’écarte pas la possibilité d’un Mondial tous les deux ans, proposé par Arsène Wenger : "Le point de départ n'est pas : le calendrier est plein donc rien ne change", rétorque-t-il à ses contempteurs.
Si elle plaît aux confédérations africaine et asiatique alléchés par la promesse de revenus supplémentaires, cette idée rencontre la franche hostilité des Européens et des Sud-Américains, de grands noms du sport et des supporters.
Après avoir défendu la volonté d'un football "global", où chaque pays "a le droit de rêver", il a finalement reculé jeudi, assurant que "la Fifa n'avait jamais proposé de Coupe du monde biennale" mais seulement étudié sa "faisabilité".
Haut-Valaisan comme Sepp Blatter, Infantino l'inattendu s'est imposé à son tour comme un des patrons du sport mondial, devenant en janvier 2020 membre du Comité international olympique (CIO), comme l’avait été son prédécesseur. Peu importe que son ex-patron, Michel Platini conteste sa "légitimité".
- Exclusion de la Russie -
Mais le technocrate de 51 ans au profil lisse connaît un accroc sévère à son parcours en juillet 2020: il est visé par une procédure pénale lancé par la justice suisse qui lui reproche trois rencontres secrètes en 2016 et 2017 avec Michael Lauber, alors chef du Ministère public de la Confédération (MPC), et le soupçonne de collusion avec le parquet dans des affaires dans lesquelles la Fifa est partie civile. Des rencontres derrière lesquelles Platini décèle un complot ourdi pour lui nuire.
L'affaire contraint M. Lauber à la démission, mais la justice interne de la Fifa a blanchi Infantino.
En 2021, il doit de nouveau affronter les soupçons de ceux qui l'accusent d’avoir encouragé en sous-main le projet très controversé de Superligue, compétition fermée créée pour et par douze grands clubs européens. Silencieux pendant quelques jours, Infantino finit finalement par se ranger du côté du n°1 de l’UEFA, Aleksander Céferin.
Si le Slovène semble prendre le dessus dans le bras de fer sur le Mondial biennal, les deux hommes se sont en revanche accordés sur la ligne de l'intransigeance pour exclure la Russie du Mondial qatari. Un signe d'apaisement dans les luttes de pouvoir dans le football mondial, sur lequel Infantino entend régner quatre ans de plus.
D.Al-Nuaimi--DT