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Plus de 1000 personnes, dont des grands noms du rugby français et argentin, ont assisté samedi à Biarritz aux obsèques de Federico Martin Aramburu pour un "dernier abrazo" (accolade) à cet ancien joueur tué par balles le 19 mars à Paris, à 42 ans.
A l'issue d'une cérémonie délivrée en français et en espagnol par un prêtre ami de la famille et ponctuée par des chants basques et des chansons à la guitare sèche, plusieurs centaines de personnes massées au pied de l'église Sainte-Eugénie, sur le front de mer, ont très longuement applaudi la sortie du cercueil.
Plus d'une heure durant, sous un grand ciel bleu, ils ont suivi la célébration dans un silence respectueux, sur un écran géant installé sur cette place avec vue sur l'océan. A l'intérieur: la famille d'Aramburu et celle, plus vaste, du rugby basco-franco-argentin, avec parmi d'autres Dimitri Yachvili, Jérôme Thion, Imanol Harinordoquy, Gonzalo Quesada ou Lisandro Arbizu.
Les présidents de la Fédération française Bernard Laporte et de la Ligue René Bouscatel étaient également dans les travées, comme Serge Blanco, ancien patron du B.O, pour rendre hommage à l'ex-Puma (22 sélections) deux fois sacré champion de France avec le Biarritz Olympique (2005, 2006).
Auparavant, le cercueil était entré dans l'église porté par d'anciens coéquipiers, les internationaux français Thomas Lièvremont et Nicolas Brusque, l'Argentin Manuel Carizza ainsi que Shaun Hegarty, l'ami et associé avec lequel Aramburu était attablé dans le restaurant parisien où le drame s'est noué.
Derrière la dépouille du défunt, son épouse Maria, accrochée aux bras de ses deux filles, Trinidad et Justina, suivait, entourée d'un clan d'Argentins, ex-joueurs et amis, alors que résonnait le chant traditionnel basque d'adieu ("Agur Jauna", "Adieu au grand homme").
Vêtue de blanc, Maria a lu en espagnol un texte que son mari "aurait voulu" faire passer à l'assistance: "Ne prenez pas un air solennel ou triste. Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble."
Un maillot du club de football d'Estudiantes La Plata, la ville natale d'Aramburu, avait été posé à côté du cercueil. Rouge et blanc, comme les couleurs du B.O.
- +Grinta+ argentine -
La mère du défunt, Cecilia, a souligné que son fils défendait la "tolérance" et la "différence" alors que l'ex-entraîneur biarrot Roger Aguerre, grand ami de "Fédé", a lancé un "dernier abrazo" à celui qui était passionné "de vins, d'asado et d'amitié".
La cérémonie a été célébrée en français et en espagnol par Don Arnaud, un prêtre biarrot ami de la famille, qui a décrit Aramburu comme "un homme soucieux de la paix et révolté par l'injustice".
Pour Omar Hasan, ancien pilier des Pumas et joueur du championnat de France, "Fédé était une personne généreuse, à l'énergie débordante, toujours avec le sourire".
Comme joueur, "ce n'était pas Jonah Lomu (ancienne star néo-zélandaise, ndlr) mais il avait du coeur et, comme on dit, des couilles (sic). Il s'est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment", a-t-il regretté.
Echarpe de l'Argentine autour du cou, maillot du B.O. sur le dos et drapeau basque sur les épaules, Vincent se souvient d'un "beau joueur". "Pas un monstre technique mais il faisait beaucoup avec sa +grinta+ (combativité) argentine", a expliqué à l'AFP.
Depuis sa retraite sportive, Aramburu, qui avait aussi porté les couleurs de San Isidro (Argentine), Perpignan, Dax et Glasgow (Ecosse), vivait en famille au Pays basque et avait fondé une entreprise de tourisme et d’évènementiel.
En fin d'après-midi, un moment de recueillement dans l'intimité devait avoir lieu dans un salon du stade du B.O.
Une minute d'applaudissements devait lui être dédiée lors des matches du Top 14 ce week-end tandis que les joueurs de Biarritz, qui se sont échauffés avec un tee-shirt à son effigie avant leur match à Montpellier samedi, devaient porter un maillot avec le message "Amigo para siempre" (Ami pour toujours).
Aramburu a été tué par balles le 19 mars au petit matin après une altercation dans un bar-restaurant du centre de Paris, où il se trouvait afin d'assister le soir même au match de rugby France-Angleterre. Il est décédé sur place des suites de ses blessures.
Deux militants d'un groupe d'ultradroite sont soupçonnés d'avoir tiré sur lui.
L'un a été mis en examen pour "assassinat" et écroué et l'autre, le principal suspect, doit bientôt être remis aux autorités françaises après avoir été interpellé cette semaine en Hongrie.
Une jeune femme, soupçonnée de "complicité d'assassinat", a également été écrouée.
U.Siddiqui--DT