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En panne de résultats depuis plus de deux ans, l'équipe de France d'athlétisme a pu compter sur ses hurdleurs pour s'offrir une petite bouffée d'oxygène aux Mondiaux en salle à Belgrade, avec l'or de Cyréna Samba-Mayela et l'argent de Pascal Martinot-Lagarde sur 60 m haies.
Sans deux de ses locomotives, Kevin Mayer, blessé au tendon d'Achille, et Renaud Lavillenie, à court de forme, la petite délégation tricolore (10 athlètes) pouvait craindre le pire en Serbie après les deux échecs cuisants subis aux Championnats du monde de Doha en 2019 (2 médailles) et aux JO de Tokyo en 2021 (1).
Mais avec deux podiums et une 4e place pour Valentin Lavillenie à la perche (avec un record personnel à la clé en 5,85 m), les Bleus limitent les dégâts, bien que le bilan final soit moins bon que les trois breloques (dont deux en or) ramenées de Birmingham en 2018.
En crise sportive et fragilisée par une gouvernance en reconstruction après les départs successifs l'année dernière du directeur technique national Patrice Gergès, de la DTN par intérim Anne Barrois puis du directeur de la performance Florian Rousseau, la Fédération française (FFA) peut respirer avant les deux grosses échéances estivales, les Championnats du monde à Eugene (15-24 juillet) et l'Euro à Munich (15-21 août) qui dresseront le véritable état des lieux de la discipline, à deux ans des Jeux de Paris.
Même si les Mondiaux indoor restent une compétition secondaire, la France a découvert un nouveau talent avec l'or décroché par Cyréna Samba-Mayela, âgée de seulement 21 ans et capable d'être au rendez-vous en 2024. La protégée de Teddy Tamgho, gênée la saison dernière par des blessures, en a profité pour battre en 7 sec 78 le record de France de Linda Ferga (7 sec 82), qui datait de 2004.
Avec Pascal Martinot-Lagarde, les Bleus possèdent une valeur sûre, toujours à l'heure au rendez-vous quand il le faut et quand son corps le laisse tranquille. Si Wilhem Belocian, l'autre Français attendu en finale un an après l'or européen en salle, a craqué (8e), PML a encore fait du PML à Belgrade, sortant les crocs pour monter, en bon spécialiste de la salle, pour la quatrième fois sur un podium mondial (l'argent en 2014, 2016, 2022, le bronze en 2012), derrière l'intouchable américain Grant Holloway.
- "Satisfaisant" -
De quoi gonfler encore un peu plus un palmarès qui a peu d'équivalent en France, avec notamment un titre de champion d'Europe du 110 m haies et une 3e place aux Mondiaux en 2019.
"J'ai 30 ans et je continue à gagner des médailles, je suis vraiment content, a-t-il expliqué. On veut toujours gagner l'or mais quand on court une demi-finale avec quelqu'un qui égale le record du monde à côté (Holloway, NDLR), on peut se satisfaire d'une médaille d'argent. C'est l'expérience qui a joué. J'ai fait la bonne course au bon moment."
"La finale de Cyréna Samba-Mayela, j'ai kiffé de fou, a-t-il ajouté. Je me suis revu dans mes jeunes années. Elle a montré qu'elle était une grande championne. On peut dire que la France est une grande nation des haies".
Les maux qui rongent la FFA depuis plusieurs mois n'ont pas disparu par magie en l'espace de trois jours. Samedi, Christophe Lemaitre a ainsi eu des mots très durs à l'encontre de la FFA, déplorant auprès de l'AFP le manque d'"humain" dans l'encadrement du haut niveau.
"J'ai l'impression qu'à la fédé il n'y a pas une atmosphère sereine et idéale pour le travail de la haute performance, a-t-il critiqué. Je n'ai pas l'impression qu'il y ait une remise en question après les JO. On prépare les Jeux de Paris mais trop tard."
Mais pour Romain Barras, le nouveau directeur de la perfomance de la FFA, il y a de l'espoir après ce week-end en Serbie.
"Le bilan global est très satisfaisant, s'est-il félicité. On a eu des athlètes qui ont réussi à répondre présents le jour J. J'espère que cela va enclencher une dynamique. On a une belle génération qui arrive, avec des athlètes qui, comme Cyréna Samba-Mayela, font partie du dispositif Ambition 2024. Cela montre aux autres que c'est possible."
U.Siddiqui--DT