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Deux stars pour un monument: Tadej Pogacar et Wout van Aert s'avancent à découvert samedi dans Milan-Sanremo, la première grande classique de la saison cycliste, au risque de se faire surprendre au bout de 293 kilomètres dans un peloton dégarni de plusieurs prétendants.
Pogacar, sans complexes, affiche ses ambitions de succéder à la légende Eddy Merckx, le dernier coureur vainqueur en titre du Tour de France à s'imposer à Sanremo en 1976. Tout roule pour le Slovène: il a gagné les deux épreuves par étapes (UAE Tour, Tirreno-Adriatico) et la seule course d'un jour (Strade Bianche) à son programme jusqu'à présent. Du 100 % !
Le champion de Belgique, lui, postule à une deuxième victoire sur la Via Roma. En 2020, van Aert avait devancé d'un rien Julian Alaphilippe, l'actuel champion du monde (forfait samedi), dans une course que Pogacar, lors de son unique expérience, avait terminée 12e.
"C'est un défi que je trouve excitant", annonce Pogacar, qui bat des records de précocité à 23 ans (deux Tours de France, Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie !). "La ligne d'arrivée n'est pas loin de chez moi à Monte-Carlo, donc je connais assez bien le final et les dernières ascensions. C'est l'une des courses les plus difficiles à gagner".
Le parcours, qui relie la plaine de Lombardie au littoral ligure, présente surtout deux aspérités, la Cipressa et le Poggio, dans les 30 derniers kilomètres. Deux tremplins qui ont servi de rampe de lancement aux attaquants pour déjouer les plans des sprinteurs depuis 2016 et la victoire d'Arnaud Démare qui reste le dernier à s'être imposé au sprint.
- "Du punch et du bluff" -
Les forfaits en rafale donnent un coup de pouce supplémentaire à Pogacar et à van Aert dans leur stratégie commune et prévisible de durcir la course d'autant que le vent est annoncé favorable et conséquent dans le final.
A la veille de la course, l'Australien Caleb Ewan, qui avait fait forte impression l'an passé sur le Poggio, a renoncé à son tour, à cause d'une grippe intestinale. Son nom est venu s'ajouter à la longue liste des absents (Stuyven, Colbrelli, Alaphilippe, Ballerini, Degenkolb, O. Naesen, S. Bennett) qui témoigne d'une fragilité du peloton post-covid face aux coups de froid et aux virus.
Parmi les 24 équipes regroupées le matin devant le mythique Vigorelli, le vélodrome qui fut jadis un site obligé pour les records de l'heure, d'autres coureurs ont le profil pour surprendre et réussir le même coup de maître que le Belge Jasper Stuyven voici douze mois. A commencer par le Danois Sören Kragh Andersen, représentant d'un pays absent du palmarès des 112 premières éditions.
"Dans Milan-Sanremo, il faut du punch et du bluff. Il faut risquer de perdre pour avoir une chance de réussir", soulignait en son temps Laurent Fignon, conscient que la difficulté de la "Primavera" réside surtout dans son apparente facilité et la tension nerveuse qui l'accompagne.
Savoir risquer, c'est bien le défi tactique pour van Aert qui a appris tardivement la présence inattendue de son grand rival, le Néerlandais Mathieu van der Poel. Officiellement, sans la moindre ambition déclarée.
Mais, pour avoir scoré dès son premier jour de course cette année (victoire au Het Nieuwsblad), le champion de Belgique sait que rien n'est à exclure a priori dans le cyclisme version 2022.
B.Gopalan--DT