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Des Jeux paralympiques de Pékin, Arthur Bauchet est rentré les bras chargés de métaux. Avec quatre médailles, trois en or et une de bronze, le skieur alpin de 21 ans a brillé en Chine, où il a su aller au delà de la douleur.
Atteint d’une paraparésie spastique, maladie neurologique qui provoque une faiblesse et des contractures musculaires, douloureuses, des membres inférieurs, le jeune homme, déjà quadruple vice champion paralympique à Pyeongchang, a souffert. Mais "Le jeu en valait la chandelle" déclare t-il, sourire scotché aux lèvres, au moment de revenir sur ces Jeux "fous".
Question : Pendant les Jeux, vous avez déclaré que si vous deviez finir la compétition sur les "rotules", vous le feriez. Comment allez-vous ?
Réponse : (rires) Eh bien je suis sur les rotules mais au moins j'avais prévenu ! ça a été dur physiquement, notamment pour la médaille de bronze en géant.
Q : Percevez-vous la différence entre le Arthur vice-champion paralympique et le champion paralympique ?
R : Déjà je crois que je n'avais jamais fait autant de médias en une journée. Et ma famille m'a dit "là tu n'imagines pas ce qui t'attends" quand je rentrerai. Je pense que j'ai changé de statut mais je ne m'en rends pas encore compte.
Q : La première médaille d'or, dès la première course en descente, vous a t-elle soulagé ?
R : Clairement. Une fois que j'avais eu cette médaille, j'avais gagné mes Jeux. ça m'a enlevé une pression de malade. J'ai eu une énorme pression la veille mais arrivé sur la piste, j'étais à bloc. A chaque personne qui arrivait, je ressentais un stress. Et j'ai vu passer le dernier concurrent. Je me suis dit c'est bon il est derrière et elle est à moi. Les émotions ce jour-là ... j'ai pleuré trois fois dans l'aire d'arrivée.
Q : Il y a eu au total trois médailles d'or (descente, slalom, super combiné) et vous arrachez le bronze lors du géant alors que vous étiez 6e après la première manche. Puis vous avez été pris de violents spasmes à la fin.
Cette course était folle car j'étais au fond après ma première manche. J'ai dit aux kinés que mon objectif était de tout mettre. Je ne voulais plus en avoir sous le pied en arrivant. Et ça a été le cas. J'en n'avais même pas assez pour marcher. J'ai eu une crise d'une demi heure, ça a été dur. ça a commencé dans les mollets, puis les cuisses et les abdos. Ma maladie m'a rappelé qu'il ne fallait pas puiser aussi loin. Mais une fois passée, je me suis dit que j'avais fait le job. (Il regarde sa médaille). Celle là c'est l'une des plus belles car c'est du bronze qui a une saveur particulière. Celle du dépassement de soi.
Q : Aviez vous des habitudes pour éviter les douleurs ?
R : J'ai essayé de limiter mes déplacements au minimum. J'avais une trottinette électrique au village, tout le reste des déplacements étaient en béquilles. Les douches chaudes m'aident aussi car ça détend les muscles dont avant chaque course j'en prenais. Après je savais que ça allait être dur et on avait pensé à plein de solutions. Mais je me dit que j'ai été solide et heureusement sinon j'aurais eu des regrets. J'ai galéré, je galère toujours mais le jeu en vaut clairement la chandelle.
Q : Trois jours après, vous êtes médaillé d'or en slalom. Aviez-vous imaginé en être capable ?
R : Le slalom était ma course préférée, où j'étais favori. Je savais qu'avec mon handicap ça allait être difficile car ça arrivait à la fin (le dimanche, NDLR). Mais j'ai mis tout en oeuvre pour recharger les batteries et je le sentais le matin,ça allait tenir pour deux manches et en effet ça a tenu.
Q : Quel adjectif utiliser pour qualifier Pékin ?
R : Il faut que j'arrête avec le mot "magique" car je l'utilise tout le temps. Mais c'est celui qui correspond le mieux. Ces Jeux étaient fous.
O.Mehta--DT