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Souvent difficile à déchiffrer et inconstante dans ses résultats malgré des aptitudes au-dessus de la moyenne, Justine Braisaz-Bouchet est longtemps restée une énigme avant de connaître la consécration olympique vendredi dans la mass-start des JO de Pékin.
. Prodige du biathlon
Justine Braisaz-Bouchet (25 ans) a connu des débuts très précoces au plus haut niveau. Surclassée dans les catégories de jeunes, elle est lancée dans le grand bain de la Coupe du monde en décembre 2014 à seulement 18 ans. Un mois plus tard, elle s'offre son premier podium en relais. Elle attendra deux saisons avant de connaître la même joie sur le plan individuel. Pour goûter à la victoire sur le circuit, elle choisit l'endroit idéal, à domicile devant le public chaud bouillant du Grand-Bornand en décembre 2017 (mass start). Mais ce potentiel exceptionnel et ses capacités physiques hors norme seront ensuite gâchés par une irrégularité chronique au tir.
. Un déclic cette saison
Grâce notamment à un travail mené avec un préparateur mental, Justine Braisaz-Bouchet a gagné en sérénité cet hiver. "Cela faisait un moment que j'avais l'impression de faire de super préparations mais une fois en Coupe du monde, les résultats étaient loin de mes ambitions. J'avais besoin de voir autre chose pour avoir la pleine capacité d'être à 100% sur les courses", avait-elle confié avant les Jeux. Une démarche payante puisque la Française, plus constante derrière la carabine, a renoué avec le succès juste avant les JO en remportant l'individuel d'Anterselva, une troisième victoire en Coupe du monde derrière laquelle elle courrait depuis plus de deux ans. Septième au classement général de la Coupe du monde cette saison, c'est avec l'étiquette de N.1 française qu'elle a débarqué en Chine, comme il y a quatre ans à Pyeongchang. "Maintenant, je prends course après course. Je suis ma pire ennemie et ma meilleure alliée en même temps parce que les clés je les aies", avait-elle affirmé avant les JO.
. Les larmes de 2018 effacées
Malgré une médaille de bronze avec le relais, les JO de Pyeongchang, en 2018, ont été un véritable calvaire pour Justine Braisaz-Bouchet sur le plan individuel. "Bouffée par la pression", elle avait totalement craqué au tir (19 fautes en quatre courses) et c'est les yeux rougis qu'elle avait bouclé la mass-start, dernière épreuve en solo au programme. "Je me sens épuisée, j'ai besoin de couper", avait-elle soufflé.
. Personnage atypique
Biathlète à la personnalité insaisissable, Justine Braisaz-Bouchet a toujours été difficile à percer pour ses entraîneurs. Son incapacité à enchaîner après son premier succès en Coupe du monde et son côté insondable ont même souvent agacé en interne. Avant le début des Mondiaux d'Ostersund en 2019, le patron du biathlon français Stéphane Bouthiaux avait eu des mots cinglants à son égard: "Ses résultats sportifs découlent de sa manière d'être. Il faut qu'elle se structure parce que si elle reste comme ça, ça va être compliqué. On a toujours l'impression qu'elle est absente. Quand on parle avec elle, elle écoute, mais je ne suis pas sûre qu'elle entende." Elle avait su parfaitement rebondir en s'adjugeant le bronze sur l'individuel. Un condensé de sa carrière, faite de montagnes russes.
. Attachée à sa terre natale
lle d'agriculteurs producteurs de beaufort basés à Hauteluce (Savoie), Justine Braisaz-Bouchet est très attachée à sa terre natale où elle se réfugie dès que le circuit fait relâche. Elle n'hésite d'ailleurs jamais à donner un coup de main, notamment l'été pour monter les vaches en alpage à 2000 mètres d'altitude. La future championne olympique a d'abord tâté du ski alpin à l'âge de 5 ans avant de passer rapidement au ski de fond, puis d'opter définitivement pour le biathlon à 17 ans. Côté études, Justine Braisaz-Bouchet est détentrice d'un Bac S. Elle a enchainé avec cinq mois de LEA à Grenoble, avant de bifurquer vers la biologie. Grande voyageuse, elle a été très marquée par un séjour humanitaire en solitaire au Népal effectué en 2020.
A.Al-Mehrazi--DT