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Certains sont allés jusqu'aux Champs-Elysées perturber la circulation, d'autres ont défilé dans les manifestations autorisées, mais les participants aux convois anti-pass, partis de toute la France, n'ont pas bloqué Paris comme ils le voulaient.
Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a indiqué samedi soir dans un tweet que 337 personnes avaient été verbalisées et 54 interpellées par les forces de l'ordre à Paris.
Rassemblement hétéroclite d'opposants au président Emmanuel Macron, au pass vaccinal et de "gilets jaunes", ceux qui se font appeler "convois de la liberté" se sont constitués sur le modèle de la mobilisation qui paralyse la capitale canadienne Ottawa.
- "quelque chose d'extraordinaire" -
"Depuis trois ans que je manifeste, on n'a jamais vu une solidarité comme cette nuit. On a perdu la liberté, on a perdu l'égalité, heureusement qu'on a encore la fraternité", a affirmé un homme de 70 ans venu de Normandie (ouest) refusant de s'identifier et manifestant contre le pass mais aussi pour "le pouvoir d'achat".
"Je suis là pour défendre nos libertés", dit François, ne donnant que son prénom, 35 ans, venu du Mans (ouest) et travaillant dans un laboratoire de recherche. "Je ne veux pas de ce monde-là pour mes enfants".
Voitures, camping-cars et camionnettes sont partis de Nice (sud), Lille ou Vimy (nord), Strasbourg (est), ou encore Châteaubourg (ouest) pour rejoindre la capitale à vitesse réduite sur des routes secondaires.
"Il y a eu quelque chose d'extraordinaire sur la route (...) Des gens nous ont fait des signes, on a même vu un maire avec son écharpe nous faire de grands signes. Une ambiance de folie!", a témoigné auprès de l'AFP Jean-Pierre Outrequin, 65 ans, venu de Perpignan (sud), finalement arrivé sur les Champs-Elysées.
Vers 14H00 (13H00 GMT), plus d'une centaine de véhicules ont rejoint les Champs-Elysées, des automobilistes, certains désormais à pied, agitant des drapeaux ou scandant "liberté".
La situation s'est ensuite tendue: la place de l'Arc de Triomphe puis l'avenue ont été évacuées par les forces de l'ordre à coups de gaz lacrymogènes.
- "le droit d'être là" -
"En Europe on a créé la liberté de circulation et on se fait contrôler par les CRS (police anti-émeutes), on n'a pas le droit d'être là, de porter un drapeau", a déclaré à l'AFP Daniel Bravo, manifestant de 61 ans.
Un convoi de 300 véhicules a été stoppé sur l'autoroute A4, venue de l'Est parisien, et les forces de l'ordre ont verbalisé des véhicules selon la préfecture de police, comme elles l'avaient fait plus tôt dans la journée porte de Saint-Cloud (ouest de Paris).
Autre convoi qui n'a pas atteint Paris, environ 400 véhicules étaient stationnés à la mi-journée dans la forêt de Fontainebleau (est de Paris), selon une source policière. Un millier d'opposants au pass vaccinal y ont pique-niqué dans une ambiance bon enfant.
Les mobilisations autorisées contre les mesures sanitaires ont rassemblé 32.100 manifestants en France, dont près de 7.600 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur. Des chiffres qui ne comprennent pas l'opération autoproclamée "convois de la liberté", qui était interdite.
"Le droit de manifester et d'avoir une opinion sont un droit constitutionnellement garanti dans notre République et dans notre démocratie. Le droit de bloquer les autres ou d'empêcher d'aller et venir ne l'est pas", a estimé le Premier ministre Jean Castex.
A deux mois de l'élection présidentielle, le gouvernement français affirme envisager pour fin mars ou début avril la levée du pass vaccinal et compte supprimer dès le 28 février l'obligation de porter un masque dans les lieux où le pass est exigé.
Quelque 7.500 membres des forces de l'ordre sont mobilisés par la préfecture de police de Paris depuis vendredi jusqu'à lundi, les convois anti-pass ayant prévu de gagner Bruxelles lundi.
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H.Yousef--DT