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Le Royaume-Uni saisi par l'inquiétude et l'émotion : la famille royale est rassemblée au chevet de la reine Elizabeth II au château écossais de Balmoral où elle a été placée jeudi sous la surveillance de ses médecins "préoccupés".
La monarque de 96 ans, à la longévité record et à l'immense popularité, dont le Royaume-Uni a fêté en juin les 70 ans de règne, avait vu sa santé se dégrader depuis une nuit à l'hôpital il y a près d'un an, pour des raisons jamais précisées.
De plus en plus frêle, elle n'apparaissait plus que rarement en public, ses services évoquant des problèmes de mobilité épisodiques, et déléguait de plus en plus de fonctions à ses héritiers directs, Charles et William.
Son héritier Charles, 73 ans, est arrivé avec sa femme Camilla à Balmoral, où la reine passe tous les ans la fin de l'été, ainsi que sa fille Anne. Ils ont été rejoints en fin d'après-midi par ses deux autres enfants, les princes Andrew et Edward, et son petit-fils William, deuxième dans l'ordre de succession.
L'épouse de ce dernier, Kate, est restée à Windsor où leurs trois enfants George, Charlotte et Louis passaient leur première journée complète dans leur nouvelle école.
Le prince Harry, qui vit en Californie, a pris la direction de l'Ecosse, mais son épouse Meghan, selon les médias britanniques est restée à Londres où le couple devait participer à une cérémonie.
- Biden "en pensées" avec la reine -
Lors de sa dernière apparition en public, la reine a officialisé mardi la nomination de Liz Truss au poste de Première ministre, son 15e chef de gouvernement.
Elle avait décidé de rester à Balmoral au lieu de rentrer à Londres où se passe d'habitude la transition entre les Premiers ministres, en raison de ses problèmes de santé.
Des images diffusées par le palais ont montré la souveraine frêle, souriante et s'appuyant sur une canne, serrant la main de la nouvelle dirigeante.
"Le pays tout entier sera profondément préoccupé par les nouvelles en provenance du palais de Buckingham", a tweeté Liz Truss, tandis que les messages de sympathie affluaient y compris de l'étranger.
Le président américain Joe Biden et son épouse Jill sont "en pensées avec la reine et sa famille". La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a loué son "courage": "Elle représente toute l'histoire de l'Europe, notre maison commune avec nos amis britanniques".
Au palais de Buckingham à Londres, un panneau a été sorti pour informer les visiteurs que la relève de la garde n'aurait pas lieu. Malgré une pluie battante, des centaines de Britanniques et touristes ont afflué.
"J'espérais que l'air écossais lui ferait du bien..." lâche devant le palais Elizabeth Jackson, 66 ans, baptisée ainsi en l'honneur de la reine. "Les problèmes se sont multipliés depuis un an, c'est inquiétant. Elle avait l'air bien quand elle a reçu Liz Truss".
"Il fallait s'y attendre, elle est devenue très frêle, c'est triste", observe Ken Cross, un touriste australien.
- Questions sur l'avenir -
Mercredi soir, le palais avait annoncé que la reine avait reporté une réunion en ligne, ses médecins lui ayant conseillé de se reposer, nouvelle annulation dans une longue série depuis un an.
En mai, Charles avait prononcé à sa place pour la première fois le discours du trône au Parlement, l'une de ses fonctions constitutionnelles essentielles.
Début juin, les Britanniques avaient célébré pendant quatre jours les 70 ans de règne d'Elizabeth II, qui est le monarque le plus âgé du monde en exercice.
Elle est restée quasi absente de ce jubilé de platine, ne se montrant qu'à deux brèves reprises au balcon du palais de Buckingham devant des dizaines de milliers de personnes.
Elizabeth II est veuve depuis la mort de son époux Philip en avril 2021, peu avant ses 100 ans. Le déclin de la santé de la reine, arrivée sur le trône le 6 février 1952, à 25 ans, après la mort de son père George VI, a relancé des questions sur l'avenir de la monarchie.
L'institution a été ébranlée par une série de scandales ces derniers mois: accusations d'agressions sexuelles aux Etats-Unis contre son fils Andrew, qui y a mis fin en déboursant des millions de dollars, ainsi que des allégations de racisme visant la famille royale, de la part de son petit-fils Harry et de son épouse Meghan Markle, désormais en froid avec le reste de la famille.
L'après-Elizabeth II s'annonce plus compliqué avec Charles, à la popularité bien plus faible. Les Britanniques lui préfèrent le prince William et son épouse Kate, plus modernes.
H.El-Qemzy--DT