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Le géant pharmaceutique américain Pfizer s'est engagé mercredi à vendre à prix coûtant certains de ses médicaments et vaccins à 45 pays pauvres, dans le cadre d'une initiative annoncée lors du Forum économique de Davos.
"Avec tout ce que nous avons appris et accompli ces deux dernières années, il est maintenant temps de commencer à refermer davantage le fossé" séparant "ceux qui peuvent avoir accès à ces innovations et ceux qui ne le peuvent pas", a déclaré le PDG du géant pharmaceutique Albert Bourla, au cours d'une conférence de presse présentant l'initiative en Suisse.
Très en vue dans le gotha des patrons mondiaux depuis le succès de son vaccin contre le Covid-19, le dirigeant était accompagné sur scène des chefs d’État du Rwanda et du Malawi, signataires de l'accord.
"L'engagement de Pfizer établit une nouvelle norme que nous espérons voir imitée par d'autres", a affirmé le rwandais Paul Kagame, saluant un "pas important vers une sécurité sanitaire durable".
Outre ces deux États, le Ghana, l'Ouganda et le Sénégal se sont déjà joints à cet accord qui se concentre sur cinq domaines thérapeutiques: les maladies infectieuses, l'oncologie, les maladies rares, les maladies inflammatoires et la santé féminine.
Il permettra d'accroître l'accès aux médicaments et vaccins brevetés de Pfizer disponibles aux États-Unis et dans l'Union européenne pour près de 1,2 milliard de personnes.
- 23 vaccins et médicaments -
Au total, 23 vaccins et médicaments de l'entreprise sont brevetés dans les domaines concernés. Cela inclut par exemple plusieurs traitements contre des cancers, mais aussi l'antiviral Paxlovid et le vaccin de Pfizer contre le Covid-19.
Si un prix plus avantageux a été négocié par ailleurs dans le cadre des efforts d'équité dans la lutte contre la pandémie, c'est celui-ci qui s'appliquera, a précisé Pfizer. La vente à prix coûtant signifie que seuls les coûts de fabrication et les dépenses de transport seront facturés dans les pays concernés.
"Nous excluons tout l'argent nécessaire à la recherche, tout l'argent nécessaire à la fabrication, tous les frais juridiques pour faire les contrats et tous les coûts administratifs", a précisé M. Bourla mercredi.
Par ailleurs, si d'autres médicaments sont développés à l'avenir dans ces domaines, ils seront automatiquement inclus dans l'accord.
L'accord a vocation à s'appliquer à terme à tous les pays à revenus faibles et à 18 pays à revenus faibles à intermédiaires, suivant la définition de la Banque mondiale.
L'annonce de Pfizer "va faciliter l'accès à certains de ses traitements essentiels, et espérons-le, permettre une meilleure lutte contre les maladies ciblées", a commenté auprès de l'AFP Amesh Adalja, spécialiste en maladies infectieuses.
- Des clauses d'exclusion? -
"Le diable est dans les détails", estime pour sa part Farasat Bokhari, économiste spécialisé dans la santé à l'Université d'East Anglia en Angleterre, qui se demande si ces accords incluent des engagements de volume ou des clauses d'exclusion qui empêcheraient d'autres entreprises de commercialiser des médicaments équivalents.
Outre l'accord avec les cinq pays signataires sur la distribution de vaccins et médicaments, Pfizer doit aussi travailler avec eux pour identifier les changements nécessaires -notamment en matière de procédures, d'infrastructures ou encore de formation du personnel soignant- afin que ces traitem+ents arrivent effectivement jusqu'aux patients.
Albert Bourla a par ailleurs affirmé mercredi que le géant pharmaceutique continuait à travailler avec la fondation Bill et Melinda Gates avec l'objectif de développer de nouveaux vaccins.
"Les partenariats avec des entreprises comme Pfizer ont été essentiels aux progrès que nous avons réalisés", a réagi le milliardaire et philanthrope Bill Gates, également présent à Davos, citant l'exemple du vaccin contre les pneumocoques.
Les maladies infectieuses tuent près d'un million de personnes chaque année dans ces pays pauvres, selon Pfizer.
A.El-Sewedy--DT