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Une brume âcre a englouti mercredi New Delhi, victime de la pollution atmosphérique provoquée notamment par le brûlage des chaumes, qualifiée de "dangereuse" pour la première fois de la saison par une entreprise spécialisée dans la qualité de l'air.
Des salariés se rendant sur leur lieu de travail dans la capitale de l'Inde, souvent classée parmi les villes les moins respirables de la planète, toussaient mercredi matin en s'aventurant dans ce brouillard toxique et peu portaient un masque, a constaté l'AFP.
La célèbre porte de l'Inde, un monument aux morts de New Delhi érigé par les autorités coloniales, est elle aussi enveloppée par ce smog.
"Ces jours-ci, si on veut sortir, on ne peut pas imaginer sortir sans masque", explique à l'AFP Mamta Chauhan, une enseignante de 27 ans, décrivant "une mauvaise odeur constante".
Ce nuage de pollution est avant tout dû au brûlage des chaumes par des agriculteurs souhaitant détruire dans les champs les résidus des moissons pour préparer la saison suivante.
Et la pollution de l'air est susceptible de s'aggraver, en particulier avec la multiplication des feux d'artifice lors des festivités de Diwali du 1er novembre, événement majeur de la culture hindoue qui célèbre le triomphe de la lumière sur les ténèbres.
Chaque année, les 30 millions d'habitants de New Delhi connaissent des pics de pollution durant la saison hivernale.
Les taux de particules fines – des microparticules cancérigènes connues sous le nom de PM2,5 qui pénètrent dans la circulation sanguine via les poumons – enregistrés dans la ville ont atteint 344 microgrammes par mètre cube mercredi, selon l'entreprise suisse IQAir, spécialisée dans la surveillance de la qualité de l'air, qui y a qualifié la pollution de "dangereuse".
Ce niveau représente près de 23 fois le seuil maximal de pollution quotidienne recommandé par l'Organisation mondiale de la santé, de 15 microgrammes de PM2,5 par mètre cube.
- Plus d'un million de morts chaque année -
New Delhi a ordonné mi-octobre une "interdiction totale" de la fabrication, du stockage, de la vente et de l'usage des feux d'artifice afin de réduire la pollution atmosphérique.
Cette mesure, prise en amont des festivités de Diwali et qui court jusqu'à fin 2024, est la plus sévère d'une série de restrictions visant l'usage de pétards, extrêmement populaires en Inde. Les restrictions décidées précédemment dans la mégapole d'environ 30 millions d'habitants sont restées largement ignorées.
"J'espère que les gens allumeront moins de feux d'artifice, surtout pour le bien des enfants et personnes âgées", dit Raveena Chawra, directrice de banque de 24 ans, à l'AFP.
Ces dernières années, le gouvernement de New Delhi a tenté de mettre un coup d'arrêt à la pollution en introduisant une circulation routière alternée, ou encore une interdiction saisonnière de la circulation en ville pour les véhicules à moteur diesel. Mais ces efforts n'ont pas permis d'enrayer ce problème de santé publique.
D'après une étude de la revue scientifique The Lancet, 1,67 million de personnes sont mortes prématurément en 2019 en raison de la pollution de l'air dans le deuxième pays le plus peuplé du monde.
C.Akbar--DT