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Recadrage sur le positionnement à l'égard du Rassemblement national, passe d'armes entre l'Intérieur et la Justice... Le gouvernement de Michel Barnier s'est déjà pris les pieds mardi dans les multiples contradictions de cette coalition bancale entre la droite et le centre.
C'est le premier couac, trois jours seulement après la nomination de l'exécutif: le ministre macroniste de l'Economie, Antoine Armand, a fait l'objet d'un rappel à l'ordre formel du Premier ministre.
Sur un sujet sensible, la relation au RN, tendant à renforcer la conviction de ceux qui pensent que la survie de ce gouvernement dépend du parti d'extrême droite.
Le jeune titulaire de Bercy a d'abord déclaré sur France Inter qu'il était ouvert à collaborer avec tous les partis "dans l'arc républicain", dont il a exclu le RN. Réaction outrée de la cheffe des députés du parti arrivé en tête du premier tour des législatives, Marine Le Pen, qui en a appelé publiquement à Michel Barnier.
Ce dernier a été nommé par Emmanuel Macron après avoir eu l'assurance que le RN n'additionnerait pas ses voix à la gauche pour le censurer immédiatement. De fait, son sort est en partie entre les mains du parti lepéniste.
Il a donc appelé son ministre "pour lui rappeler les règles", "à savoir le respect des électeurs" et "des responsables politiques représentés à l'Assemblée nationale et au Sénat", selon son entourage.
Et Antoine Armand a été contraint de rectifier le tir en promettant de recevoir "prochainement" tous les partis représentés au Parlement, dont le RN.
- Pas des "clones" -
Le locataire de Matignon a aussi téléphoné à Marine Le Pen pour "rectifier" la position de son ministre, selon Eric Ciotti, allié du RN. Un coup de fil de déminage confirmé par une source interne au RN.
"On a le pouvoir de faire recadrer un ministre qui dit n'importe quoi", s'est félicitée sur BFMTV la députée lepéniste Alexandra Masson.
"Il faut vraiment n'avoir aucune dignité pour accepter de se faire recadrer par l'extrême droite sans réagir", a commenté sur la même chaîne le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard. Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a lui accusé les macronistes de n'avoir "ni convictions ni conscience" et d'être "les passe-plats du RN".
Si le nouveau Premier ministre a donné à ses troupes le mot d'ordre "plus de travail et moins de communication", les fissures éclatent déjà au grand jour.
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau martèle sa volonté de "rétablir l'ordre" et d'appliquer une ligne à droite toute sur l'immigration et la politique pénale, quitte à hérisser une partie de ses nouveaux partenaires du camp présidentiel, en plus de la gauche.
Dès lundi soir, le ténor du parti Les Républicains est allé sur les plates-bandes du ministre de la Justice Didier Migaud en appelant à "changer une politique pénale qui, depuis très longtemps, a laissé s'installer ce droit à l'inexécution des peines".
Réplique immédiate du garde des Sceaux, qui se trouve aussi être la seule prise venue de la gauche d'un gouvernement qui penche à droite: Bruno Retailleau "doit savoir que la justice est indépendante dans notre pays" et "ça n'est pas toujours exact" de prétendre que la justice "ne condamne pas suffisamment".
"On n'est pas un gouvernement de clones. C'est normal qu'il y ait des échanges", a relativisé la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.
Mais mardi matin, c'est aussi la présidente macroniste de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui est montée au créneau pour affirmer qu'incarcérer les personnes condamnées à de courtes peines "dans des maisons d'arrêt surpeuplées", "ça ne marchera pas" pour prévenir la récidive et favoriser la réinsertion.
"Il n'y a pas de contournement, il y a la Ve République, il y a différents articles qui renvoient au domaine législatif ou au domaine réglementaire", a répondu M. Retailleau.
Le principe même de revenir sur l'AME est contesté par une partie de la coalition au pouvoir comme par la gauche. Ce "n'est pas un sujet d'attractivité pour l'immigration mais un enjeu de santé publique", a répliqué la députée Agnès Firmin Le Bodo, du parti Horizons d'Edouard Philippe.
Toutes ces questions seront abordées vendredi à un séminaire gouvernemental préalable à la déclaration de politique générale de Michel Barnier le 1er octobre devant le Parlement.
Pour la préparer, le Premier ministre a entamé mardi des rencontres avec les partenaires sociaux.
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A.Krishnakumar--DT