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Entendu par la commission d'enquête britannique sur le Covid-19, le Premier ministre Rishi Sunak, dont certaines décisions ont été accusées de contribuer à la propagation du virus, s'est employé lundi à relativiser son rôle dans l'action du gouvernement de l'époque.
Le témoignage du Premier ministre intervient au moment où son autorité est malmenée au sein du parti conservateur, à la veille d'un vote crucial sur son nouveau plan pour expulser des migrants au Rwanda, jugé trop faible par l'aile droite des Tories.
Rishi Sunak, qui était ministre des Finances pendant la pandémie, était interrogé quelques jours après l'ex-Premier ministre Boris Johnson, qui a présenté ses excuses aux familles de victimes et reconnu qu'il aurait dû prendre conscience de la gravité de la crise "beaucoup plus tôt".
L'occupant actuel de Downing Street, en poste depuis un an, a lui aussi entamé son témoignage par des excuses, disant être "profondément désolé pour tous ceux qui ont perdu des êtres chers, des membres de leurs familles et pour tous ceux qui ont souffert de différentes manières tout au long de la pandémie".
Cette dernière a fait plus de 230.000 morts au Royaume-Uni et la commission d'enquête se penche actuellement sur la gouvernance et la gestion politique lors de l'apparition du virus.
Rishi Sunak doit notamment être interrogé sur ses réticences à imposer des restrictions trop fortes pendant la pandémie et sur ses critiques quant au rôle des scientifiques durant la crise sanitaire.
Mais il a, dès le début de son intervention, insisté sur le fait que c'était Boris Johnson qui prenait les décisions, et que son rôle de chancelier de l'Echiquier consistait à apporter les informations relatives aux conséquences économiques des mesures envisagées.
L'ex-ministre des Finances a réfuté tout "clash entre santé publique et économie": "Il y avait un certain nombre de répercussions, beaucoup de répercussions socio-économiques, de répercussions sur l'éducation, sur la santé mentale, sur le système judiciaire, ainsi que les répercussions purement économiques", a-t-il insisté, estimant qu'il était important pour les pouvoirs publics de toutes les examiner.
Rishi Sunak est notamment critiqué pour des mesures prises à l'été 2020 pour inciter les gens à aller au restaurant, comme le dispositif "Eat out to help out" (manger dehors pour aider les restaurants), décrié par les scientifiques conseillant le gouvernement.
Ces derniers ont estimé devant la commission d'enquête que cela a participé à l'ampleur de la deuxième vague épidémique à l'automne 2020.
- "Dr Death" -
L'une d'entre eux, Angela McLean, avait ainsi surnommé Rishi Sunak "Dr Death" (Dr Mort) dans un échange de messages WhatsApp avec un collègue, a révélé l'enquête, tandis que l'ancien médecin-chef pour l'Angleterre Chris Whitty avait rebaptisé le dispositif "manger dehors pour aider le virus" (Eat out to help out the virus).
Des conseillers ont aussi accusé Rishi Sunak, attaché à soutenir l'économie britannique mise à terre par les restrictions, d'avoir voulu ignorer ou minimiser les avis des scientifiques durant la pandémie.
En témoigne une note écrite par l'ancien conseiller scientifique du gouvernement Patrick Vallance, dans laquelle il rapporte des propos de l'ancien chef de cabinet de Boris Johnson, Dominic Cummings, affirmant que Rishi Sunak "pense qu'on peut simplement laisser les gens mourir et ce n'est pas grave".
En août 2022, en plein coeur de la campagne pour succéder à Boris Johnson à la tête des conservateurs, Rishi Sunak avait aussi qualifié de "problème" le fait de donner le pouvoir aux scientifiques, dans un entretien au journal The Spectator.
Les travaux de la commission d'enquête indépendante, présidée par l'ancienne juge Heather Hallett, devraient durer jusqu'en 2026.
Ils ont remis sur le devant de la scène les accusations visant le gouvernement de Boris Johnson qui avait tardé à prendre la mesure de l'ampleur de la crise sanitaire. Depuis, la presse conservatrice se montre très critique contre les confinements imposés pendant la pandémie, qu'elle juge liberticides, destructeurs pour l'économie et sans impact réel, au motif que d'autres pays aux politiques moins strictes ont eu des bilans moins lourds que celui du Royaume-Uni.
Y.Chaudhry--DT