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L'ex-Premier ministre britannique Boris Johnson a admis mercredi qu'il aurait dû saisir la gravité de la crise du Covid-19 "beaucoup plus tôt", au cours de son audition dans le cadre de l'enquête publique sur la pandémie, pendant laquelle il a présenté ses excuses aux familles des victimes.
"Je suis profondément désolé pour la douleur, les pertes et la souffrance" de ces victimes et de leurs familles, a dit Boris Johnson au début de cette audience très attendue.
Ces paroles ont cependant été interrompues par quatre manifestants qui ont proclamé "Nous ne voulons pas de ses excuses !", avant d'être expulsés de la salle.
Ces excuses "ne signifient rien pour nous", a déclaré l'une des manifestantes, Mme Kathryn Butcher, 59 ans, dénonçant les fêtes illégales à Downing Street, de "mauvaises décisions" et des "mensonges constants".
Le Covid a provoqué la mort de plus de 232.000 personnes au Royaume-Uni.
"Je pense que nous avons fait de notre mieux (...) dans des circonstances très difficiles. (...) Y a-t-il des choses que nous aurions dû faire différemment? Incontestablement".
M. Johnson est apparu concentré et sérieux face au flot de questions ardues au cours de cette audition prévue pour durer deux jours.
Depuis le début des audiences en juin, plusieurs conseillers et scientifiques ont décrit un Premier ministre dépassé, indécis, peu soucieux des victimes lorsque la pandémie a éclaté début 2020 et un gouvernement divisé et chaotique.
Boris Johnson a-t-il attendu trop longtemps pour imposer un premier confinement? Avait-il pris la mesure de la pandémie?
Le gouvernement, ses conseillers et aussi la communauté scientifique ont "sous-estimé" la menace constituée par le Covid-19, a-t-il admis. L'erreur était "collective", a-t-il cependant insisté.
La commission l'a interrogé sur son action semaine après semaine, en janvier, février, mars 2020. "Je me souviens aujourd'hui que les scènes en provenance d'Italie m'ont vraiment bouleversé", a-t-il dit, ce pays ayant été le premier en Europe à avoir été frappé par la pandémie.
Pourtant, le confinement au Royaume-Uni est intervenu bien plus tard, le 23 mars.
"Nous aurions dû collectivement nous rendre compte beaucoup plus tôt" de la gravité de la crise. "J'aurais dû m'en rendre compte", a dit Boris Johnson.
- "Complètement faux" -
Le gouvernement estimait alors, selon lui, que le premier pic de la maladie serait en mai ou juin. "C'était complètement faux", reconnaît-il.
M. Johnson a lui-même failli mourir du Covid en avril 2020.
Quelques semaines plus tôt, en visitant un hôpital, il se vantait de serrer la main à tout le monde. "Je n'aurais pas du faire ça, rétrospectivement, j'aurais dû prendre plus de précautions", a-t-il déclaré.
Brillant orateur, M. Johnson, 59 ans, plus prompt à botter en touche avec humour qu'à répondre avec précision, a fort à faire pour convaincre qu'il était début 2020 l'homme de la situation.
Mais ses excuses ont déjà été rejetées par Aamer Anwar, l'avocat d'une association écossaise de victimes du Covid, Scottish Covid Bereaved. "Au lieu de régler la crise", Boris Johnson a "présidé à une orgie de narcissisme totalement dégoûtante", a-t-il déclaré à des journalistes. "Il a laissé les corps s'empiler et les personnes âgées être traitées comme des déchets toxiques", a-t-il ajouté.
Des fêtes illégales à Downing Street pendant les confinements ont fait scandale et contribué à la chute de Boris Johnson, contraint à la démission en juillet 2022.
"Il est incapable de diriger", se lamentait à l'automne 2020 dans des messages sur WhatsApp le secrétaire général de Downing Street Simon Case, le plus haut fonctionnaire du Royaume-Uni. "Il change de direction stratégique tous les jours", se désespérait-il.
Martin Reynolds, qui fut le secrétaire particulier de M. Johnson, a aussi décrit un gouvernement à la culture dysfonctionnelle et machiste. D'autres ont dénoncé une culture "toxique".
Boris Johnson, quant à lui, a raconté que son équipe comptait "un grand nombre de personnes très talentueuses et très motivées". Mais face à "l'anxiété", à "l'immense stress" provoqué par la pandémie, certains ont été "enclins à critiquer les autres".
"Je pense que parfois, pendant la pandémie, trop de réunions étaient dominées par les hommes, pour être tout à fait honnête avec vous", a-t-il tenté.
Bonnet à pompon sur la tête, Boris Johnson a quitté le bâtiment sous des huées et des propos hostiles. Son audition se poursuit jeudi.
I.Khan--DT