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Le plus grand projet hospitalier français, de jeunes entreprises innovantes, un vaccin thérapeutique en préparation contre le cancer du poumon: avec un ambitieux secteur de la santé et des investissements d'ampleur, Nantes veut devenir, à l'horizon 2030, un pôle d'innovation européen.
Sur l'Ile de Nantes, jalonnée de chantiers et d'immeubles d'habitation flambant neufs, le futur centre hospitalier sort progressivement de terre au coeur d'un champ de grues de 11 hectares.
Le nouveau CHU - 13 bâtiments sur 220.000 mètres carrés, prévu pour 2027 - sera au coeur du futur "quartier de la santé", pensé comme un "écosystème" où se fréquenteront médecins, chercheurs et entrepreneurs.
La nouvelle faculté de santé doit emménager d'ici six ans à quelques centaines de mètres de là, tout près aussi de l'institut de recherche co-financé par la métropole, la région, l'Etat et des fonds européens.
Autre chantier voisin: celui de la "Station S", vivier à venir d'entreprises innovantes dans le secteur de la santé, dont les bâtiments doivent être livrés en 2025 et 2029.
"C'est un quartier où l'on développera des réponses à la pointe de la recherche, que l'on pourra ensuite proposer au plus grand nombre. Pas seulement à l'échelle nationale mais à l'échelle européenne", défend Johanna Rolland, maire PS de Nantes.
Ce vaste projet, chiffré à 1,5 milliard d'euros, "positionne Nantes en tête des plus gros investissements européens actuels au service de la santé", selon la maire.
- Surcoût -
Plus grand hôpital en construction d'Europe, le futur CHU représente à lui seul un investissement de plus d'1,2 milliard d'euros, au tiers subventionné par l'Etat et l'ARS.
Le gouvernement en avait fait l'un des symboles du "réinvestissement" dans le système de santé français après la crise sanitaire.
Mais la pose de sa première pierre début 2022 n'a pas fait taire les voix critiques, qui pointent depuis des années un emplacement mal choisi et un coût "mirobolant" qui n'a cessé de s'alourdir.
"On ne se projette pas dans la santé de demain: par exemple, alors qu'on se dirige vers de plus en plus d'ambulatoire, on positionne un CHU sur une île dont l'accès est par nature compliqué", déplore Laurence Garnier, sénatrice LR de Loire-Atlantique.
Présenté sous le mandat de maire de Jean-Marc Ayrault, le projet de nouveau CHU devait à l'origine coûter "300 millions d'euros", affirme-t-elle.
Au printemps, la chambre régionale des comptes avait estimé, à la suite d'un audit flash mené fin 2022, que l'inflation engendrerait un nouveau surcoût d'au moins 55 millions d'euros.
- "Croissance" -
En face, la métropole défend un investissement qui contribuera à l'"effort national de réindustrialisation et de souveraineté sanitaire", pourvoyeur d'emplois et synonyme d'attractivité.
Le secteur de la santé peut devenir "une filière majeure du territoire", à l'instar "de l'aéronautique ou de la navale", soutient de son côté le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie, Yann Trichard.
"La santé en France a longtemps été rangée dans deux cases : la case compassionnelle et la case déficitaire. Mais c'est aussi un gisement d'une croissance considérable", affirme Philippe El Saïr, directeur de l'hôpital.
Le futur quartier compte aussi avec des laboratoires déjà installés à Nantes, comme OSE Immunotherapeutics, dont les locaux se trouvent à quelques centaines de mètres du chantier du CHU.
Ce laboratoire a présenté mi-septembre les résultats positifs de son vaccin thérapeutique contre le vaccin du poumon, qui démontrent une diminution du risque de décès par rapport à la chimiothérapie, chez des patients atteints de maladies avancées.
"Ce quartier va créer un environnement où l'on peut échanger facilement. De grands projets naissent de discussions entre médecins, chercheurs et entrepreneurs. Mais pour ça, évidemment, il faut qu'ils se côtoient", affirme le directeur général du laboratoire, Nicolas Poirier.
Lui s'attend à voir débarquer à Nantes, d'ici 2030, "toutes sortes de chercheurs de talent".
H.El-Din--DT