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Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a affiché mardi sa volonté de relancer rapidement de nouvelles négociations tarifaires avec les médecins libéraux, toujours remontés contre la faiblesse de la revalorisation de 1,5 euro qui leur sera accordée au 1er novembre.
Cette hausse a minima - qui portera la consultation à 26,50 euros pour les généralistes et 31,50 euros pour les spécialistes, hors dépassements d'honoraires - avait été décidée au printemps dernier après l'échec de précédentes négociations avec les syndicats de médecins.
Il ne devrait y avoir "aucune ambiguïté" sur le fait que ce nouveau tarif "n'est qu'un passage, pas un point d'arrivée", a observé mardi le ministre lors d'une rencontre à Paris avec les Libéraux de santé, une coalition de syndicats de professionnels de santé libéraux.
Le 1er novembre, "je souhaiterais qu'on le traverse lancés (...) dans une dynamique de négociations" vers une nouvelle tarification, a-t-il développé.
Lors de la précédente négociation, la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) avait proposé au départ une revalorisation supérieure - 30 euros pour les généralistes - mais elle l'assortissait de conditions visant notamment à augmenter le nombre de patients par médecins, qui ont été jugées inacceptables par les syndicats.
La colère gronde aussi chez les médecins face à la proposition de loi du député (Horizons) Frédéric Valletoux visant à "améliorer l'accès aux soins par l'engagement territorial des professionnels".
Beaucoup de soignants redoutent que ce texte, actuellement en discussion au Parlement, ne porte en germe de nouvelles obligations pour les praticiens libéraux en matière de "permanence des soins" dans les territoires, c'est-à-dire notamment de gardes.
Tout l'été, les médecins ont aussi crié leur "indignation" face à la large campagne de contrôles de l'Assurance maladie sur les arrêts maladie. Plusieurs syndicats - dont le principal syndicat de généralistes, MG France - ont déposé un préavis de grève pour le 13 octobre.
- "Proposer des choses nouvelles" -
Les discussions avec les médecins figurent parmi les "plus compliquées dans l'histoire des conventions" entre les médecins et la "Sécu", du fait des contraintes qui pèsent sur le système de santé, a observé M. Rousseau.
Seul le "système conventionnel", qui suppose une discussion avec les représentants des médecins, est susceptible de résoudre les difficultés comme les pénuries de soignants ou le vieillissement de la population, a fait valoir le ministre. Mais en cas d'échec, le parlement devrait reprendre la main.
Le docteur Franck Devulder, président du syndicat de médecins CSMF qui fait partie de Libéraux de Santé, s'est réjoui du volontarisme affiché par le ministre.
Mais il refusera comme l'hiver dernier tout principe de "donnant-donnant". "Il faut remettre à niveau le tarif des consultations", et cette revalorisation "ne doit pas être soumise à des conditions particulières", a-t-il dit en marge des débats.
Le passage à 30 euros que revendiquent les généralistes, "ça ne comble même pas l'inflation entre 2017 et 2023", a-t-il indiqué.
"Il faudra être imaginatif et proposer de part et d'autres des choses nouvelles", a estimé de son côté le directeur général de l'Assurance maladie, Thomas Fatôme, "convaincu" que les thématiques de "la qualité et de la pertinence des soins" devraient "prendre davantage de place dans les discussions".
Interrogée plus tard par les professionnels sur le futur budget de la Sécurité sociale, la ministre des professions de Santé Agnès Firmin le Bodo a souligné que le budget alloué à la santé avait "augmenté de plus de cinquante milliards d'euros" entre 2017 et aujourd'hui.
"Les médecins disent à leur échelle que un 1,5 euro (de revalorisation) c'est insultant (...) mais à l'échelle de ce que ça représente pour le budget de l'État c'est 800 millions" d'euros, a-t-elle fait valoir.
Il faut à la fois préserver le "système de sécurité sociale" et "trouver pour chacune de nos professions le juste équilibre pour la bonne rémunération", a-t-elle dit, ce qui "n'est pas simple".
J.Alaqanone--DT