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Sanofi veut mener au moins cinq vaccins innovants sur la voie d'une potentielle commercialisation d'ici à 2025 et travaille à une "nouvelle génération" de vaccin contre la grippe reposant sur l'ARN messager, un tournant qu'il n'avait pas réussi à prendre contre le Covid-19.
A l'occasion d'une conférence dédiée aux investisseurs, le laboratoire pharmaceutique français a dit vouloir "lancer au moins cinq nouveaux programmes de phase III de vaccins innovants d'ici à 2025", notamment contre la bronchiolite des jeunes enfants, le pneumocoque et la fièvre jaune.
Parallèlement, le groupe, qui compte parmi les grands fabricants mondiaux de vaccins, a réaffirmé son objectif de chiffre d'affaires annuel de plus de 10 milliards d'euros dans ce domaine d'ici à 2030.
Dans la pédiatrie, la dernière étape des essais cliniques d'un vaccin antipneumocoque est prévue au premier semestre 2024. Ces infections représentent "le plus gros marché au niveau des vaccins" si l'on écarte celui du Covid-19, souligne le responsable monde de la R&D Vaccins Jean-François Toussaint.
Sur le segment thérapeutique extrêmement concurrentiel visant le virus respiratoire syncytial (VRS), à l'origine des bronchiolites et pneumonies qui causent des dizaines de milliers de morts par an, Sanofi cible particulièrement les enfants de 1 à 5 ans.
Au vu des premiers résultats "très probants" d'un vaccin par voie intranasale pour les aider à développer leur propre réponse immunitaire face au VRS, Sanofi compte "l'avancer en étude de phase 3, à partir du début de l'année prochaine", indique M. Toussaint.
Selon les spécialistes, le VRS pourrait être tout aussi grave que le virus grippal.
- ARNm de "nouvelle génération" -
La grippe fait elle aussi l'objet de recherche de vaccin de la part du groupe, qui veut "améliorer la technologie ARN messager" telle qu'elle est disponible actuellement. Elle montre en effet, selon M. Toussaint, une forte réponse immunitaire pour la souche A mais une réponse insuffisante pour la souche B, un constat valable également pour les autres laboratoires.
"On savait que l'ARN messager n'allait pas être la panacée et qu'il fallait travailler sur une deuxième génération. On a investi dans les innovations qui vont nous amener un cran plus loin dans la nouvelle génération" d'ARNm, déclare-t-il à l'AFP.
Des ajustements bien identifiés: "les vaccins à ARN messager sont congelés, ça peut passer pour une pandémie mais pas pour une utilisation contre la grippe", précise le responsable, présentant des "progrès substantiels" dans le candidat vaccin Sanofi qui "peut être stable pendant 12 mois à 4°C".
En outre, "dans une vaccination de routine comme contre la grippe, on ne peut pas accepter chaque année d'être au lit un ou deux jours" à cause d'effets secondaires tels qu'ils ont pu apparaître après une vaccination à ARN messager contre le Covid-19, souligne-t-il.
Sanofi, qui avait tenté de développer un vaccin anti-Covid utilisant la technologie de l'ARN messager, y avait finalement renoncé.
Mais après avoir raté le coche et pris du retard par rapport aux laboratoires américains Moderna et Pfizer, ou l'allemand Curevac, le géant de l'industrie de la santé a affiché en 2021 sa volonté d'accélérer dans cette technologie. Il y a investi massivement et créé un centre dédié aux vaccins à ARNm.
Après des résultats prometteurs sur les animaux, le groupe entend lancer au deuxième semestre, en s'appuyant sur cette technologie, la première étape d'un essai clinique pour son candidat-vaccin thérapeutique contre l'acné, maladie inflammatoire de la peau.
H.El-Qemzy--DT