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Aromathérapie, kinésiologie, lithothérapie... Les pratiques de soins non conventionnelles, en pleine explosion, ne sont ni encadrées ni surveillées, dénonce l'Ordre des médecins dans un rapport publié mardi, alertant sur des "dérives thérapeutiques" devenues "une actualité de plus en plus importante, voire pluriquotidienne".
"Aujourd'hui, l'offre de PSNC (pratiques de soins non conventionnelles) étant exponentielle, il est nécessaire de faire le tri entre des pratiques dangereuses pour la santé des patients et celles qui peuvent présenter un intérêt dans l'accompagnement du malade et les restreindre au seul domaine du bien-être", explique l'Ordre des médecins.
Selon un sondage réalisé par Odoxa pour l'Unadfi (Union nationale des Associations de défense des Familles et de l'Individu) en mai, 51% des Français ont recours aux PSNC liées à la manipulation manuelle (comme la kinésiologie ou chiropraxie), 48% à la "médecine traditionnelle" (comme l'homéopathie, la "médecine traditionnelle chinoise" ou les ventouses), 45% aux plantes et 39% aux "énergies".
L'Ordre rappelle que les PSNC ne sont "ni reconnues, au plan scientifique, par la médecine conventionnelle, ni enseignées au cours de la formation initiale des professionnels de santé".
Cette absence d'encadrement produit des situations dangereuses pour les personnes qui y ont recours: l'Ordre évoque "l'exercice illégal de la médecine" de certains praticiens, les "dérives thérapeutiques" qui peuvent notamment conduire à l'arrêt de soin et à une perte de chance pour des personnes malades, voire des "dérives sectaires".
Sur ce dernier point, l'Ordre cite la Miviludes, mission interministérielle chargée de lutter contre les dérives sectaires, selon laquelle 70% des signalements reçus dans le domaine de la santé concernent des pratiques de soins non conventionnelles.
"L'Ordre des médecins est très sollicité sur ce sujet des PSNC depuis des années, mais ça s'est vraiment accru depuis le Covid", a expliqué à l'AFP le Dr Claire Siret, chargée du dossier au sein de l'Ordre.
Ce document doit "sensibiliser les professionnels de santé à ces pratiques", insiste-t-elle.
Le Dr Siret s'inquiète notamment de l'"entrisme de certaines pratiques à l'université" et souhaite aussi interpeller les doyens de faculté sur la proposition, en dehors des filières de médecine, de "diplôme universitaire de médecine anthroposophique" (non validée scientifiquement, ndlr).
Ce rapport est publié à la veille de la première réunion du comité d'appui pour l'encadrement des pratiques non conventionnelles de santé (PNCS), sous l'égide des ministères de la Santé et de l'Intérieur, qui va rassembler des autorités de santé comme l'Agence du médicament, la Miviludes ou encore le collectif No Fake Med.
B.Gopalan--DT