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La pandémie de Covid-19 est désormais suffisamment sous contrôle pour lever le niveau maximal d'alerte, a décidé l'OMS vendredi, après plus de trois ans et des millions de morts, mais pour autant il ne s'agit pas de baisser la garde.
"C'est avec beaucoup d'espoir que je déclare que le Covid-19 n'est plus une urgence sanitaire de portée internationale", a affirmé le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, estimant que la maladie a fait "au moins 20 millions" de morts, un chiffre presque trois fois supérieur à celui fourni par son organisation qui ne prend en compte que le nombre des morts déclarés officiellement.
Les experts qu'il a consultés jeudi ont jugé qu'"il était temps de passer à une gestion à long terme de la pandémie" malgré les incertitudes qui subsistent sur l'évolution du virus.
Mais "la pire chose qu'un pays puisse faire maintenant est d'utiliser cette nouvelle comme une raison de baisser sa garde, de démanteler les systèmes qu'il a construits ou d'envoyer le message à son peuple que le Covid-19 n'a rien d'inquiétant", a renchéri le patron de l'OMS.
Le plus haut niveau d'alerte de l'organisation avait été décrété le 30 janvier 2020, quelques semaines seulement après la détection en Chine des premiers cas.
Il avait pourtant fallu attendre que le Dr Tedros parle de pandémie en mars 2020 pour qu'Etats et populations prennent conscience de la gravité de la situation et que des mesures sanitaires parfois très contraignantes - jusqu'à de long mois de confinement - soient mises en place.
Le SRAS-CoV-2 avait alors déjà bien entamé son voyage mortel qui allait le voir émerger très rapidement dans le dans le monde entier.
La lutte contre la pandémie s'est inventée au fur et à mesure, souvent dans le désordre.
"L'une des plus grandes tragédies" concernant le Covid-19, "c'est que cela aurait pu se passer autrement", a lancé le Dr Tedros, regrettant "un manque de coordination, d'équité et de solidarité" et "des vies perdues qui n'auraient pas dû l'être".
"Nous devons nous promettre, ainsi qu'à nos enfants et petits-enfants, que nous ne ferons plus jamais ces erreurs".
- La pandémie aujourd'hui -
Même si la courbe des décès dus au Covid a plongé - de 95% depuis janvier -, le virus tuait encore au rythme d'une personne toutes les trois minutes la semaine dernière.
La phase de crise "est passée mais pas le Covid", a ainsi mis en garde la Dre Maria Van Kerkhove, chargée de la lutte contre le Covid-19 au sein de l'OMS.
Pourtant, dans de nombreux pays, la pandémie est aujourd'hui reléguée à l’arrière-plan. Les tests et la surveillance sanitaire sont réduits à la portion congrue. Un désarmement jugé prématuré par l'OMS.
Les vaccins - apparus en un temps record fin 2020 - restent efficaces contre les formes les plus sévères de la maladie malgré les innombrables mutations du virus originel.
Incontestable succès scientifique, ces vaccins, en particulier ceux à ARN messager, ont d'abord été monopolisés par les pays qui avaient les moyens de payer le prix fort, laissant les autres sur le carreau pendant de très longs mois.
Au 30 avril, plus de 13,3 milliards de doses de vaccins avaient été injectées mais les antivax ont aussi mobilisé en masse, aidés par des campagnes de désinformation.
Les inégalités économiques et d'accès aux soins ont été brutalement exposées.
Les longues files d'attente de Brésiliens avec d'énormes bouteilles d'oxygène pour sauver un proche de l'asphyxie, les innombrables bûchers en Inde pour brûler les corps et les soignants épuisés, impuissants dans des hôpitaux débordés, ont marqué les esprits.
Dans de nombreux pays, la pandémie est un bruit de fond, de nouveaux variants continuent d'apparaître et menacent de faire repartir la machine infernale.
Et le Covid long, qui se traduit par une large palette de symptômes plus ou moins handicapants, fait des ravages.
Selon, le Dr Tedros une infection sur 10 se traduit par un Covid long. Une crise sanitaire dont l'ampleur et le coût économique et psychologique sont encore mal pris en compte.
- La der des der -
Le monde cherche désormais le meilleur moyen d'éviter la prochaine catastrophe sanitaire.
Mais la communauté internationale n'est pas parvenue pour l'instant à déterminer avec certitude comment ce virus avait muté dans une forme transmissible entre humains.
Si, a priori, les premiers cas ont été détectés fin 2019 à Wuhan en Chine, deux théories s'affrontent : fuite d'un laboratoire de la ville où ces virus étaient étudiés ou animal intermédiaire ayant infecté les personnes qui fréquentaient un marché local.
Cette dernière théorie semble pour l'heure privilégiée par la majorité de la communauté scientifique mais l'obstruction des autorités chinoise empêche de progresser dans l'enquête sur les origines.
A l'OMS, les pays membres ont aussi commencé à discuter d'un futur accord contraignant qui permettrait de mieux tuer dans l'oeuf la prochaine pandémie.
La question n'est pas si mais quand elle arrivera.
Y.Chaudhry--DT