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L'anesthésiste Frédéric Péchier, qui ne cesse de clamer son innocence, a été mis en examen mercredi à Besançon pour deux nouveaux empoisonnements présumés de patients et se trouve désormais soupçonné de 26 cas au total, a annoncé le procureur de la République, rectifiant les propos de l'avocat de la défense qui avait évoqué la mise en examen de son client pour "sept" nouveaux cas.
Il a été "mis en examen pour deux cas", dont un mortel, et a été placé sous le statut de témoin assisté pour un troisième, a indiqué lors d'un point presse le procureur Etienne Manteaux.
Un peu plus tôt, Me Randall Schwerdorffer avait évoqué devant la presse la mise en examen de son client pour "sept" cas et son placement sous témoin assisté pour un autre.
"Il y a eu un couac", a concédé auprès de l'AFP Me Schwerdorffer. "J'ai effectivement fait une erreur, il y a eu deux (nouvelles) mises en examen" et "un placement en qualité de témoin assisté" pour un cas non mortel, a-t-il ajouté.
"Il reste cinq autres cas où la mise en examen est envisagée", a-t-il ajouté.
Son client, qui doit de nouveau être entendu fin mars par la juge d'instruction Marjolaine Poinsard, est donc pour l'heure mis en examen pour 26 cas d'empoisonnement présumés, dont dix mortels.
- Droit au silence -
Il a gardé le silence face à la magistrate et "n'a pas répondu" à ses questions, a indiqué l'avocat, qui avait laissé entendre ces derniers jours que l'anesthésiste pourrait opter pour la stratégie du silence.
La défense va contester ces nouvelles mises en examen devant la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Besançon, a par ailleurs annoncé Me Schwerdorffer.
Frédéric Péchier est soupçonné d'avoir pollué les poches de perfusion de patients entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi pour discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.
L'affaire avait débuté lorsqu'une anesthésiste d'une clinique de Besançon avait donné l'alerte après trois arrêts cardiaques inexpliqués de ses patients en pleine opération.
Les poches de perfusion avaient été saisies et des analyses avaient révélé des "doses de potassium 100 fois supérieures à la normale", avait indiqué M. Manteaux.
En janvier 2017, une information judiciaire avait été ouverte et deux mois plus tard, Frédéric Péchier, qui exerçait dans cette clinique, avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour sept premiers cas d'empoisonnements présumés de patients.
La direction de la clinique avait ensuite présenté aux enquêteurs de la police judiciaire de Besançon 66 cas d'EIG (événement indésirable grave) survenus dans leur établissement.
Ces investigations ont mené, en mai 2019, à la mise en examen du Dr Péchier pour 17 nouveaux cas d'empoisonnement, soit un total de 24 cas concernant des patients âgés de 4 à 80 ans, dont neuf mortels.
Libre sous contrôle judiciaire, M. Péchier était arrivé peu avant 09H00 avec Me Schwerdorffer au tribunal judiciaire de Besançon. Carrure imposante, barbe poivre et sel et visage fermé, il s'était engouffré dans le tribunal sans aucun commentaire.
La journée de mercredi marquait le coup d'envoi d'une longue série d'auditions devant la juge, avec huit autres journées initialement prévues courant mars afin de récapituler l'ensemble des mises en examen de ce dossier.
- Interrogatoires "reportés" -
Mais à l'issue de l'audition de mercredi, les interrogatoires ont été reportés "au 22 mars", a indiqué Me Schwerdorffer.
Frédéric Péchier, qui vit dans la Vienne, a vu son contrôle judiciaire récemment allégé et peut désormais revenir dans le Doubs voir sa famille.
Il avait fait en septembre 2021 une tentative de suicide et avait été hospitalisé plusieurs semaines.
Il est toujours "abattu" et "a vécu comme un acharnement la dernière ordonnance de la juge qui lui interdit d'exercer la médecine", alors qu'une précédente décision ne lui interdisait que la pratique de l'anesthésie et de la réanimation, avait indiqué avant l'audience Randall Schwerdorffer.
La défense a fait appel de cette interdiction, selon Me Schwerdorffer.
Y.Sharma--DT