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Le président chinois Xi Jinping a dit se faire "du souci" pour la situation épidémique dans les campagnes, où des dizaines de millions de Chinois retrouvent actuellement leurs familles pour les fêtes du Nouvel an lunaire.
Les autorités s'attendent à plus de deux milliards de voyages (voiture, train, avion, bateau) entre le 7 janvier et le 15 février. L'année du Lapin débute le 22 janvier.
Depuis le 7 janvier, quelque 480 millions de voyages ont été effectués (+47,1% par rapport à la même période de l'an passé), selon le gouvernement.
Les voyageurs se pressaient jeudi dans les principales gares du pays, heureux de pouvoir rentrer chez eux passer les fêtes, qui débuteront par le réveillon samedi soir.
"Je n'ai plus peur du tout!", déclare à l'AFP une jeune femme interrogée à Shanghai, qui s'apprête à rentrer dans la cité côtière de Wenzhou (sud-est).
"L'an dernier, je faisais super attention. Cette année, je me sens beaucoup plus courageuse" de prendre les transports, affirme-t-elle.
Un autre voyageur dit rentrer dans sa famille pour la première fois en trois ans.
"L'une des premières choses que je ferai, c'est de prendre ma mère et mon père dans mes bras!", explique-t-il.
D'autres passagers sont davantage inquiets, à l'image de deux jeunes femmes vêtues de combinaisons intégrales de protection.
"On a peur de contaminer nos familles, c'est pour ça qu'on a acheté ça", explique l'une d'elles.
- "Lacunes" -
La politique sanitaire dite du "zéro Covid" a été abandonnée début décembre à la suite du ralentissement économique et de grandes manifestations d'hostilité. Depuis, le nombre de contaminations s'est envolé.
Dans une série d'appels vidéos mercredi avec du personnel soignant, un malade du Covid ou encore des travailleurs, Xi Jinping a exprimé son inquiétude pour les campagnes.
"Je me fais tout particulièrement du souci pour les zones rurales et nos amis agriculteurs, qui sont nombreux", a-t-il déclaré selon l'agence Chine nouvelle.
"Les conditions d'accès aux soins médicaux de qualité dans les zones rurales sont relativement limitées, les mesures de prévention et de contrôle de l'épidémie y sont difficiles à mettre en oeuvre et la tâche est donc ardue."
Si les villes bénéficient d'infrastructures médicales modernes, la situation est bien plus aléatoire dans les zones rurales.
Xi Jinping a ainsi appelé à y résoudre les "lacunes" de la lutte anti-Covid dans les campagnes.
La hausse spectaculaire des cas depuis décembre, couplée à l'apparent manque de transparence des statistiques officielles, a provoqué de vives discussions en ligne.
Dans ce contexte, l'Administration chinoise du cyberespace, gendarme de l'internet, a indiqué mercredi qu'elle intensifierait, durant les fêtes, son combat contre les "fausses informations" afin d'empêcher "l'exagération des pensées négatives".
L'organisme a appelé à sévir contre les "rumeurs" et les "(faux) témoignages de malades", fabriqués, selon lui, pour émouvoir les internautes. Une campagne justifiée par la volonté d'éliminer les contenus qui "induisent le public en erreur".
- "Le bon choix" -
La société britannique d'analyses médicales Airfinity estime que le nombre de décès quotidiens dus au Covid pourrait atteindre un pic d'environ 36.000 durant les vacances.
La politique "zéro Covid" imposait des dépistages quasi obligatoires plusieurs fois par semaine, des placements obligatoires en quarantaine ou des confinements parfois dès l'apparition de quelques cas.
Les Chinois ne pouvaient par ailleurs plus aller à l'étranger s'ils voulaient simplement y faire du tourisme.
Efficace contre la propagation du virus, cette stratégie a laminé des commerces, entraîné un ralentissement économique, contrarié des projets de vie et conduit à des drames humains qui ont déclenché des manifestations d'ampleur fin novembre.
Xi Jinping a toutefois estimé mercredi que c'était le "bon choix" d'avoir mené cette politique.
La Chine a annoncé samedi avoir recensé depuis début décembre environ 60.000 morts "liées" au Covid.
Ce chiffre pourrait être largement sous-évalué, des témoignages faisant état de pression des hôpitaux sur les familles pour ne pas inscrire le Covid comme raison de la mort de leurs proches.
Airfinity estime à plus de 600.000 le nombre de personnes mortes du Covid depuis le 1er décembre.
A.Padmanabhan--DT