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Passé à la trappe durant deux années à cause de la pandémie de Covid-19, le Salon de l'automobile de Détroit (Detroit Auto Show) signera mercredi son grand retour avec une nouvelle approche, qui se veut moins tape-à-l'oeil.
L'événement se déroule désormais en septembre, au lieu de janvier, afin d'être organisé en partie en extérieur. Il offre une place de choix aux nombreux véhicules électriques présents sur le salon, signe des premiers pas vers la longue transition de l'industrie automobile américaine.
Le président américain, Joe Biden, visitera le salon lors de la journée d'ouverture, réservée aux médias, afin de faire la promotion des mesures prises par son administration pour encourager l'adoption des véhicules électriques.
Et l'ambiance s'annonce différente: au faîte de sa gloire, le salon était connu pour les petits fours et caisses de champagnes distribués par les grands constructeurs de Détroit, mais aussi par les grands groupes internationaux comme Toyota ou Mercedes-Benz, lors des présentations en fanfare de leurs rutilants engins.
Une atmosphère que les organisateurs d'aujourd'hui n'entendent pas reproduire, signe des profondes évolutions de la société depuis le dernier salon en 2019.
"Nous ne pouvons pas continuer à faire ce que nous avons toujours fait", estime ainsi le directeur exécutif de l'Association des concessionnaires de Détroit, Rod Alberts, "il faut prendre des risques à un moment donné".
- Epoque "terminée" -
A la différence de l'époque où le salon se tenait en hiver, les visiteurs auront la possibilité de tester les voitures dans le centre-ville de Détroit. "Un salon au-dessus du salon" viendra, lui, montrer les solutions émergentes de mobilité par les airs.
Une manière aussi de combler le manque de nouveauté parmi les automobiles, notamment du fait de l'absence des grands groupes internationaux.
"L'époque des salons auto qui en mettent plein la vue est terminée", selon l'analyste de Cox Automotive, Michelle Krebs.
Le Salon de Détroit n'est pas le premier à se retrouver face à des questions existentielles. En Europe, celui de Genève a été annulé pour la quatrième année consécutive et va s'installer à Doha (Qatar) alors que celui de Francfort est parti à Munich pour y devenir un salon consacré à la "mobilité".
Prévu le mois prochain, le Mondial de l'auto de Paris devrait être plus petit que par le passé.
L'un des principaux changements concerne le lancement de nouveaux modèles, les constructeurs ayant découvert durant la pandémie les vertus d'une présentation en ligne, nettement moins coûteuse qu'un stand dans un salon.
C'est le choix fait par General Motors pour son Equinox EV, pourtant très attendu et qui a été présenté jeudi en ligne, une semaine avant Détroit.
"La manière dont nous dévoilons nos nouveautés a évolué ces dernières années afin de trouver des moyens de toucher un plus grand nombre de personnes", a justifié le porte-parole de GM, Chad Lyons, précisant que l'Equinox et les autres véhicules électriques de la gamme seront présents de nouveau à Détroit.
- Mustang -
C'est cependant Ford qui pourrait créer l'événement, en dévoilant au public la septième génération de son emblématique Mustang, sur laquelle le groupe a gardé le mystère, en particulier quant à sa motorisation, thermique ou électrique.
Le lancement de la Mustang avait été annoncé par le directeur général du groupe, Jim Farley, en juillet dernier sur Twitter, avec une course regroupant les six générations précédentes et traversant neuf états, depuis celui de Washington (ouest) jusqu'au Michigan.
Stellantis prévoit également de dévoiler à Détroit certaines de ses nouveautés, en particulier la veille du coup d'envoi officiel.
Pour les analystes, le salon devrait poursuivre son évolution, s'éloignant des grands spectacles médiatiques pour revenir aux sources et se rapprocher des consommateurs.
"L'expérience client, avoir un endroit où, sans pression, vous pouvez juste voir les véhicules, est très important", estime ainsi Jessica Caldwell, directrice exécutive de recherche pour l'entreprise automobile Edmunds
Mais Détroit reste un événement médiatique, avec plus de 2.000 journalistes accrédités provenant d'une trentaine de pays, et, selon Rod Alberts, le passage à l'électrique offre aussi la possibilité au public de "comprendre ces nouvelles technologies et mieux les adopter".
S'il est difficile d'avoir une idée précise de l'affluence après deux ans d'absence, M. Alberts estime que 500.000 visiteurs serait un succès, pour un événement qui en attirait plus de 700.000 au plus fort de sa gloire.
A.El-Ahbaby--DT