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Des rues désertées, des bâtiments calfeutrés avec des plaques de bois et des sacs de sable: sur la côté ouest de la Floride, le temps s'est progressivement arrêté mercredi en vue de l'arrivée dans la soirée du puissant ouragan Milton.
Deux semaines après un premier passage dans le même secteur de l'ouragan Hélène, qui est ensuite allé semer la dévastation dans le sud-est des Etats-Unis, Milton "va être une tempête mortelle et catastrophique" selon Deanne Criswell, directrice de l'agence fédérale de réponse aux catastrophes naturelles (Fema).
Rétrogradé en fin de journée en catégorie 3 (sur 5) mais toujours considéré comme "majeur" par le Centre américain des ouragans (NHC), Milton est attendu comme "un des ouragans les plus destructeurs depuis plus d'un siècle en Floride", a prévenu Joe Biden mercredi soir.
Alors que républicains et démocrates continuent de s'écharper au sujet de la gestion des deux ouragans par le gouvernement fédéral, le président américain a dénoncé l'"avalanche de mensonges" de son prédécesseur et candidat à la Maison Blanche, Donald Trump, qui accuse son administration d'en avoir fait trop peu et trop tard.
La Floride, troisième Etat le plus peuplé du pays et qui attire nombre de touristes, est habituée aux ouragans. Mais le changement climatique, en réchauffant les mers, rend plus probable leur intensification rapide et augmente le risque de phénomènes plus puissants, selon les scientifiques.
- "Anxieux" -
De Tampa à Fort Myers, dans le secteur où Milton doit toucher terre, le temps n'est désormais plus à l'évacuation mais au confinement sur place, à domicile ou dans des centres prévus à cette intention.
Sarasota, également sur la côte ouest, a pris des allures de ville fantôme alors que la pluie s'intensifiait.
Un peu plus au nord, à Tampa, Randy Prior, 36 ans, se dit "nerveux". "On se remet à peine" de l'ouragan Hélène, qui a laissé "les sols saturés" d'eau, observe-t-il.
Dans une autre grande ville de la côte ouest de l'Etat, Fort Myers, Debbie Edwards souligne que "tout le monde est anxieux". "C'est comme si un syndrome de stress post-traumatique s'était installé" après le passage d'un autre ouragan, Ian, il y a deux ans. Pourtant, elle ne partira pas.
- Tornades -
A 21h00 GMT, l'ouragan était escorté par des vents de près de 200 km/h et situé à 100 kilomètres au sud-ouest de Sarasota, selon le NHC.
Milton devrait traverser la Floride d'ouest en est, selon le NHC, passant notamment près d'Orlando, où les parcs d'attraction de Disney World ont été fermés à la mi-journée. Les aéroports de Tampa et Sarasota sont à l'arrêt.
Il pourrait entraîner des inondations côtières allant jusqu'à 4,5 mètres et des pluies abondantes qui font courir le "risque d'inondations urbaines soudaines catastrophiques et potentiellement mortelles", d'après le NHC.
"Lors de ces tempêtes, la majorité des décès est liée aux inondations côtières, à l'eau", a souligné la directrice de la Fema.
Outre la montée des eaux, les autorités craignent que le danger supplémentaire que représentent les nombreux débris laissés par Hélène, qui a fait au moins 236 morts à travers le sud-est des Etats-Unis, dont au moins 15 en Floride.
Des tornades ont par ailleurs été observées dans le centre et le sud de l'Etat, selon la chaîne Weather Channel.
Depuis plusieurs jours, les autorités exhortent les habitants des zones concernées par des ordres d'évacuation à partir, assurant qu'il s'agit d'une "question de vie ou de mort".
- "Davantage d'inondations" -
Pour le professeur John Marsham, spécialiste des sciences de l'atmosphère, "de nombreux aspects d'Hélène et de Milton correspondent tout à fait" à ce que les scientifiques anticipent en matière de changement climatique.
"Les ouragans ont besoin d'océans chauds pour se former, et les températures record des océans alimentent ces tempêtes dévastatrices. L'air chaud retient davantage d'eau, donnant des pluies plus abondantes et davantage d'inondations", explique-t-il.
Dans le même temps, "l'augmentation du niveau de la mer due au changement climatique entraîne une aggravation des inondations côtières".
Depuis plus d'un an, les températures de l'Atlantique nord évoluent sans discontinuer à des niveaux de chaleur record, selon des données de l'observatoire météorologique américain (NOAA).
En pleine campagne présidentielle, ces ouragans ont pris un tournant politique.
Donald Trump, qui tient régulièrement des propos climatosceptiques, accuse depuis des jours, et sans la moindre preuve, les démocrates d'avoir "volé l'argent" de la Fema pour "le donner à leurs immigrés illégaux".
Des allégations qualifiées mercredi de "dangereuses" et "inadmissibles" par sa rivale pour la présidentielle du 5 novembre, la vice-présidente Kamala Harris.
H.Hajar--DT