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Le périphérique parisien, dont une portion passe mardi à 50 km/h, encercle la capitale depuis plus d'un demi-siècle durant lequel ce boulevard s'est vu muré, recouvert, fleuri pour accueillir 1,2 million de véhicules journaliers, des agriculteurs en colère ou des poneys en balade.
- Dix-sept ans de travaux -
Le périphérique parisien fait le tour complet de la capitale depuis 1973. Le 25 avril, après dix-sept ans de travaux et 2 milliards de francs déboursés (ce qui correspondrait actuellement à 2,04 milliards d'euros), le Premier ministre de l'époque, Pierre Messmer, loue, sous l'échangeur de la porte Maillot, "une grande œuvre", "un succès". "Sa raison d'être": "améliorer la circulation dans la région parisienne et en particulier aux limites de Paris".
L'idée avait émergé dans les années 1940, notamment l'emplacement sur les anciennes fortifications d'Adolphe Thiers construites en 1860. Il s'agissait alors d'anticiper la future circulation, mais aussi "d'éviter que Paris ne coule dans une banlieue qui l'enliserait pour un siècle", de "sertir" le joyau de la capitale.
- 90 km/h puis 80, 70 et 50 -
Depuis, les DS et les 4L y sont remplacées par les Renault Clio et les SUV. L'autoroute urbaine a été encerclée par 24 écrans phoniques anti-bruit (sur 14 km). Et à la fin des années 2000, certaines portions ont été recouvertes, comme Porte des Lilas ou Porte de Vanves.
La vitesse y a été petit à petit réduite: à 80 km/h en 1993, 70 km/h en 2014 et 50 km/h à partir de mardi.
Pendant les Jeux olympiques cet été, une voie y était dédiée aux personnes accréditées. Mais sa transformation en voie de covoiturage et transports en commun, comme le souhaitait la Mairie de Paris, a été rejetée à plus de 80% lors d'une consultation.
- La petite couronne en tête -
D'une longueur de 35,04 km, le périphérique parisien est l'un des principaux axes urbains d'Europe. 1,2 million de véhicules s'y engouffrent chaque jour, en grande partie des Franciliens de la petite couronne (43%) et avec, pour seul occupant, leur conducteur (80%).
Selon un rapport de 2022 du bureau d'études Kisio, le trafic est composé à 50% d'usagers réguliers et est pour moitié concentré aux heures de pointe. Le pic du matin (et ses bouchons) est réparti sur seulement trois heures (entre 5h et 8h), contrairement au pic du soir, beaucoup plus diffus, qui s’étale sur cinq heures.
Mais le "périph'", c'est aussi 332 panneaux lumineux, 550 affiches et panneaux publicitaires lumineux, 23 tunnels, 44 ha d'espaces verts, fleuris et boisés...
- Blocage et opération escargots -
Des agriculteurs aux chauffeurs de taxis, en passant par des pompiers ou encore des militants du climat, tous, un jour, ont investi l'autoroute urbaine avec pour objectif de bloquer la circulation, voire la capitale pour les plus ambitieux.
Comme en 2019, où plus d'un millier d'agriculteurs en tracteur ont mené une opération escargot pour protester contre les prix jugés trop bas et l'étau des réglementations.
Et certains manifestants s'y aventurent sans véhicule, comme les "gilets jaunes" en 2019, des militants du climat en 2022 et en mai dernier quelques dizaines de personnes pour protester contre les bombardements israéliens sur Rafah, rapidement délogés par les forces de l'ordre.
- Accouchement et poneys en balade -
L'autoroute urbaine a également été bloquée tout un dimanche en 2005 par Guillaume Canet - cette fois avec une autorisation - pour le tournage du film "Ne le dis à personne".
Ville dans la ville, le boulevard possède son lot d'anecdotes : en 2010, des poneys échappés d'un centre équestre s'y sont baladés. La même année, un cortège de mariage s'est arrêté sur l'artère et un participant s'est livré à quelques pas de danse avant d'être interpellé.
Le 1er février 2012, dans un véhicule en panne protégé par la police, une policière aide une femme à mettre au monde une petite fille, avant l'arrivée des secours.
H.Nadeem--DT