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EDF a amélioré son bénéfice net de 21% à 7 milliards d'euros au premier semestre, fort du redressement de la production nucléaire et hydraulique, mais s'attend à ce que la baisse des prix de l'électricité sur les marchés pèse sur ses résultats à la fin de l'année.
"Ces résultats opérationnels et financiers en progression" au premier semestre "témoignent des efforts menés par l'ensemble des équipes d'EDF pour retrouver de hauts niveaux de production" électrique, a commenté le PDG de groupe Luc Rémont dans un communiqué publié vendredi.
En France, la production nucléaire a augmenté de 19,4 térawattheures (TWh) au premier semestre, pour atteindre 177,4 TWh. Fort du redressement de sa production nucléaire depuis l'an dernier, "l'estimation de production nucléaire en France est attendue dans le haut de la fourchette 315-345 TWh pour 2024 et celles de 2025 et 2026 sont confirmées dans la fourchette 335-365 TWh", a indiqué le groupe.
Le géant électricien avait fini 2023 avec un bénéfice net de 10 milliards d'euros. Il avait ainsi tourné la page d'une année 2022 marquée par une perte inédite de 17,9 milliards d'euros, en raison de difficultés dans ses barrages et d'une baisse de production nucléaire liée à un problème de corrosion dans plusieurs centrales et au décalage des calendriers de maintenance du fait du Covid.
En outre, en 2022, EDF n'avait pas pu profiter pleinement de la flambée des prix de l'électricité, contraint par l'Etat français, son actionnaire à 100%, de vendre plus de courant à prix cassé à ses concurrents fournisseurs alternatifs. L'an dernier, ce mécanisme n'a pas été reconduit et cette fois l'entreprise a pu à la fois vendre plus d'électricité et profiter de prix soutenus.
Mais cette tendance est aujourd'hui inverse, avec une baisse des prix bien enclenchée sur les marchés, qui devrait peser à la fin de l'année sur sa rentabilité. "Du fait de la baisse rapide des prix de marché", EDF s'attend à "un recul significatif" de l’Ebitda (excédent brut d'exploitation, un indicateur de rentabilité) "au 2e semestre 2024 par rapport à celui de 2023", a prévenu le groupe.
- Baisse "rapide" et "durable" -
"Nous avons désormais une visibilité sur les prix jusqu'à environ la fin de la décennie qui montre après une baisse très rapide (...) une stabilisation à un niveau beaucoup plus bas que ce que nous avions l'année dernière à la même période", a indiqué le PDG Luc Rémont dans un appel aux journalistes.
"Nous devons évidemment anticiper cette baisse des prix en mettant en œuvre tout ce qui est nécessaire en terme de transformation, de performance économique (...) pour continuer (...) à dégager une capacité de financement importante pour (...) les investissements nécessaires à la transition énergétique", a-t-il prévenu.
Toujours lesté d'une dette abyssale de 54,2 milliards, EDF est confronté à des défis industriels et financiers immenses et des besoins d'investissements d'environ 25 milliards d'euros par an.
Outre la gestion de son parc vieillissant, l'électricien doit dans le même temps traiter une pile de dossiers complexes, liés à la construction de nouveaux réacteurs en France et à l'étranger, à la nécessité de financer l'essor de sa production éolienne et solaire.
Pour répondre à ces défis, le groupe compte sur son plan de bataille "Ambitions 2035", qui vise à accompagner les clients "dans la réduction de leur empreinte carbone", à produire "plus d’électricité décarbonée", à développer les réseaux et accélérer sur les "solutions de flexibilité pour répondre aux besoins du système électrique".
Dans un contexte de relance du nucléaire en France, le groupe a par ailleurs annoncé avoir inscrit une provision de 3,3 milliards d'euros avant impôts en raison d'une réévaluation à la hausse "des coûts prévisionnels d'entreposage des combustibles usés en France", sur le site d'Orano à La Hague.
Pour l'heure, le groupe met la dernière touche aux opérations de démarrage de son réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR à Flamanville, débutées en mai dernier, avec 12 ans de retard. Selon le groupe, "la divergence du réacteur", c'est-à-dire la première réaction nucléaire "est imminente et la connexion au réseau est prévue quelques semaines après".
I.Khan--DT