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Après l'aéroport londonien d'Heathrow mercredi, des militants écologistes ont perturbé temporairement jeudi le trafic aérien à Francfort, avant d'être arrêtés par la police.
En pleine période de vacances scolaires, dans l'aéroport le plus fréquenté d'Allemagne, au centre du pays, sept militants sont parvenus au petit matin à coller leurs mains sur le tarmac, tandis qu'un huitième est resté coincé sur le grillage de protection de l'aéroport.
Leur action a entraîné pendant au moins deux heures la suspension des atterrissages et des décollages et l'annulation d'au moins 230 vols sur environ 1.400, a indiqué un porte-parole de l'aéroport de Francfort.
A 10H15 locales (08H15 GMT), la police était parvenue à décoller tous les militants.
Survenue quatre jours après la journée la plus chaude jamais enregistrée dans le monde depuis le début des relevés en 1940, cette action a été revendiquée par le groupe Letzte Generation (Dernière génération), important mouvement en Allemagne, auteur de nombreuses opérations spectaculaires au nom de la défense du climat.
Parmi leurs méthodes les plus fréquentes et les plus controversées: le blocage d'axes routiers et de sites en se collant les mains sur l'asphalte.
Ils expliquent mener leur action pour "demander au gouvernement allemand de participer à l'élaboration et à la signature d'un accord international juridiquement contraignant qui réglemente l'abandon global du pétrole, du gaz et du charbon d'ici 2030".
Une photo diffusée par le groupe montrait un manifestant assis sur le tarmac avec une banderole orange "le pétrole tue".
- Colère, chagrin et compréhension -
Les passagers impactés par leurs actions oscillaient entre colère, chagrin et compréhension.
"On avait économisé toute l'année pour nos vacances", a raconté à l'AFP Heiko Schöne, 56 ans, boucher à Francfort. Il comptait se rendre avec toute sa famille en République dominicaine en passant par Zurich, mais son premier vol a été annulé.
Au bord des larmes, Svetlana Adcock, traductrice russe de 40 ans, voulait rejoindre à Istanbul sa mère russe qu'elle n'a pas vu depuis quatre ans à cause de la pandémie et de la guerre en Ukraine: "Nous devions nous y retrouver sans visa et restrictions". Elle dit comprendre néanmoins les activistes et "essaie de faire ce qu'elle peut pour le climat".
Quant à Ruth Zeilen-Böhle, psychothérapeute de 69 ans, elle les soutient: "Leurs actions sont nécessaires sinon il ne se passerait pas grand chose pour le climat."
Son vol n'a pas été annulé mais s'il l'avait été, elle l'aurait "accepté sans problème": habituellement, cette grand-mère boycotte l'avion, mais elle a renoncé à ses principes pour faire plaisir à sa petite-fille.
- Sanctions plus sévères -
En revanche, les ministres allemands des Transports et de l'Intérieur, le libéral Volker Wissing et la sociale-démocrate Nancy Faeser, ont appelé à des sanctions sévères.
Il y a une semaine, sous leur houlette, le gouvernement allemand avait adopté en conseil des ministres un projet de loi pour renforcer les règles de sécurité aérienne: il prévoit notamment en cas d'intrusion sur le tarmac jusqu'à deux ans de prison. Si l'intrus porte une arme, la détention peut monter à cinq ans.
"Les activistes climatiques cherchent apparemment à faire le maximum de dégâts. Les législateurs doivent répondre avec le maximum de sévérité", a dit M. Wissing.
Quand à Mme Faeser, elle a exhorté les gestionnaires d'aéroports à faire davantage pour la sécurité des sites: "Il faut avant tout des grillages, de gros portails, des caméras de surveillance, des détecteurs de chaleur et des alarmes."
Mercredi, dix militants de Just Stop Oil, un groupe britannique prônant la fin des énergies fossiles d'ici à 2030, avaient été arrêtés après des actions notamment à Heathrow.
Des opérations de moindre ampleur avaient aussi eu lieu dans les aéroports de Cologne (ouest de l'Allemagne), Helsinki, Barcelone (Espagne), Zurich et Genève (Suisse), et Vienne. Jeudi, celui d'Oslo a été également brièvement touché.
B.Gopalan--DT