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La Serbie signe vendredi à Belgrade un partenariat sur les "matériaux critiques" avec l'UE, en présence du chancelier allemand Olaf Scholz, une semaine à peine après une décision de la justice serbe ouvrant la voie à la reprise d'un projet controversé d'exploitation de lithium.
Un "protocole d'accord (...) sur les matières premières ainsi que sur la chaîne d'approvisionnement des batteries et des véhicules électriques" sera signé lors d'un "sommet sur les matériaux critiques", selon l'annonce par le cabinet du vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic, qui y participera.
Le document vise à assurer que la matière première exploitée en Europe "reste sur le sol européen", a précisé jeudi le président serbe Aleksandar Vucic.
Le lithium est un métal extrait de minerai indispensable à la fabrication de batteries pour les voitures électriques. L'industrie automobile européenne investit tous azimuts dans cette transition, alors que les véhicules thermiques seront interdits à la vente dans l'UE à partir de 2035.
Le marché de la batterie est pour l'instant dominé par les producteurs chinois, vis-à-vis desquels Bruxelles et Berlin veulent réduire leur dépendance.
La puissante industrie allemande y est particulièrement intéressée. Selon M. Vucic, le chancelier allemand sera accompagné "par des représentants du Mercedes-Benz". Par ailleurs, des représentants de plusieurs banques européennes participeront également au sommet, selon lui.
Plus tôt cette semaine, un porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, a déclaré que l'accord s'inscrivait "dans le cadre d'un projet d'extraction durable de lithium" en Serbie.
Découvertes en 2004, les réserves de lithium de la région de Jadar, en Serbie occidentale, sont parmi les plus importantes d'Europe.
Selon le géant minier anglo-australien Rio Tinto, qui gère le projet, elles pourraient permettre de produire annuellement 58.000 tonnes de carbonate de lithium, suffisamment pour 1,1 million de véhicules — ou 17% de la production européenne de véhicules électriques.
La future mine a toutefois été source de nombreuses querelles politiques ces dernières années, les opposants craignant l'impact sur l'environnement dans cette région agricole.
Sous la pression des manifestations, le gouvernement serbe avait suspendu le projet en 2022. Deux ans plus tard, la Cour constitutionnelle a tranché, le 11 juillet, estimant que cette décision n'était "pas conforme à la constitution".
Le gouvernement a alors annoncé mardi la mise en œuvre de l'arrêt de la justice et autorisé la reprise des opérations.
- "Forte impulsion" -
Le président Vucic, dont le parti a remporté les élections parlementaires en décembre, a affirmé vendredi matin que la protection de l'environnement serait une priorité après avoir obtenu de nouvelles assurances de la part de l'entreprise.
"Une journée de travail importante nous attend, une journée qui aura un impact considérable sur de nombreux aspects de l'avenir de notre pays et qui donnera une forte impulsion au renforcement des relations entre la Serbie et l'Allemagne", a déclaré M. Vucic dans un message posté sur les réseaux sociaux, accompagné d'une photo montrant le président serbe marchant à côté d'Olaf Scholz dans un complexe gouvernemental à Belgrade.
Le président Vucic, qui veut arrimer son pays à l'UE, a déclaré récemment que l'exploitation pourrait commencer vers 2028.
Il a annoncé la signature vendredi aussi d'une "lettre d'intention" prévoyant l'installation de capacités industrielles en Serbie, en assurant que Belgrade ne permettrait pas l'exportation de plus de "12% à 13%" de matière première de lithium.
Le reste "pourra sortir de la Serbie en forme de cathodes ou de batteries fabriquées en Serbie", a-t-il dit.
H.El-Hassany--DT