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Le "monsieur économie" du RN pour les législatives, Jean-Philippe Tanguy, candidat potentiel à Bercy, assure que le parti d'extrême droite ne "laissera pas filer le déficit" et restera dans les accords climatiques de Paris, dans un entretien à l'AFP.
- Première mesure? La TVA
S'il accède au pouvoir, le RN promet de baisser la TVA à 5,5% sur les énergies. Pas si simple, car Bruxelles l'interdit, au nom du climat. "Il faudrait qu'on arrive à négocier une dérogation d'un an le temps de convaincre nos chers collègues" européens, explique Jean-Philippe Tanguy.
"Si on a une politique de l'offre sans amélioration de la vie, ce sera comme Macron", défend le député de la Somme, qui admire Napoléon III pour sa politique industrielle ainsi que l'ancienne figure gaulliste Philippe Séguin.
- "Pas de miracle": économies nécessaires
Diriger un jour Bercy? Jean-Philippe Tanguy "en rêve depuis toujours", mais voit aussi les prétendants se multiplier.
En attendant, le trentenaire tente de convaincre du sérieux budgétaire du RN.
Le projet de loi de finances rectificative prévu dès juillet "ne laissera pas filer le déficit", promet-il.
Une trajectoire sera présentée ultérieurement, avec l'objectif - similaire à celui du gouvernement actuel - de ramener le déficit sous les 3% du PIB en 2027.
"Il n'y a pas de miracle": des économies seront nécessaires dès 2025, prévient-il, avançant le chiffre de 20 milliards. "Les décisions vont être très lourdes."
Les économies viendront des restrictions liées à l'immigration, de la suppression de niches fiscales comme celle des armateurs, ou d'une moindre contribution au budget européen, dit, sans chiffrer, M. Tanguy, évoquant aussi une augmentation des prélèvements sur les profits des énergéticiens.
Le député prône la suppression de la Commission de régulation de l'énergie, qui "ne sert à rien avec nos réformes sur l’énergie".
- Que faire pour le climat?
"Le réchauffement climatique est un phénomène sûr et certain", souligne-t-il. Pour lui, "les attaques sur le climato-scepticisme (au RN, NDLR), c'est un truc qu'on essaie de nous faire porter". Tout au plus a-t-on entendu "des déclarations maladroites", plaide-t-il.
"On veut traiter les émissions par bloc prioritaire, d'abord relocaliser notamment l'industrie lourde, traiter le logement, et le transport de marchandises" parce que c'est "plus facile que changer des millions de voitures".
Le RN veut laisser la possibilité d'acheter des voitures neuves à essence, à rebours du choix européen de l'interdire en 2035.
"On ne remet pas en cause la transition vers des véhicules propres, mais on retire cette contrainte vécue comme une humiliation inutile", estime M. Tanguy. Le RN parie que "les véhicules propres s'imposeront d'eux-mêmes".
"On n'a aucune ambition de rester avec le gaz et le pétrole. D'ailleurs, on électrifie tout", assure-t-il, grâce au nucléaire qui en 2050 devra fournir 75% de l'électricité (10% pour les barrages, le reste pour "l'hydrogène stocké retransformé en électricité").
- Nucléaire à marche forcée
Emmanuel Macron a annoncé la construction de six réacteurs et huit en option, le premier attendu en 2035-2037.
Le RN en veut plus: 10 entre 2033 et 2037, puis 10 en 2037-42.
Ces objectifs dépassent ce que le secteur, longtemps en jachère, s'estime capable de réaliser. Faux, assène M. Tanguy qui suggère que l’Etat ment sur la capacité à faire plus. "Sur mon honneur, les industriels m'ont dit le contraire", glisse-t-il.
Et il n'y aurait "pas de honte" à "travailler" avec d'autres, pas les Russes mais par exemple le Sud-Coréen Kepco, pour "apprendre de leur savoir-faire" notamment dans le génie civil.
La Société française d'énergie nucléaire, interrogée mardi, répond que "la filière se remet en marche. On pourra accélérer plus tard mais pour l'instant c'est trop tôt pour accélérer".
- Eoliennes "immondes"
L'éolien, même les projets actés "dont les travaux n'ont pas commencé", sera arrêté. M. Tanguy cite le parc marin de Dunkerque, déjà attribué à EDF. Quant aux dédommagements à prévoir, "il va falloir étudier ça".
Pour les parcs construits, le RN veut désormais un démantèlement à mesure de leur arrivée en fin de vie. Il y aura "quelques exceptions" avec action immédiate, ajoute M. Tanguy, qui pense à "ces éoliennes immondes sur la falaise de Fécamp".
Jordan Bardella a dit vouloir "reconstruire sur le sol français des filières photovoltaïques". Comment faire, quand les dernières ferment? "Il n'y a pas d'urgence à faire du solaire en France, donc on aura le temps d'ouvrir des usines", assure M. Tanguy, contredisant les scénarios de RTE, gestionnaire du réseau électrique, sur les forts besoins à venir.
- Qui derrière ce programme?
"Il n'y a pas de grand manitou", balaie le député.
Il confirme en revanche des échanges avec de grands patrons, qui "ont besoin d'être rassurés". "Ca a l'air d'aller un peu mieux", se félicite-t-il.
D.Naveed--DT