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La directrice générale de l'ONG environnementale Reclaim Finance Lucie Pinson soutient les propositions du Nouveau Front populaire (NFP) en matière de finance durable, seule formation selon elle "à porter des mesures très concrètes pour financer la transition écologique".
La militante écologiste est signataire la semaine dernière d'une tribune intitulée "Solidarité, Écologie et Justice: le Front populaire, notre espoir commun" aux côtés du directeur général de Greenpeace France Jean-François Julliard et de responsables et porte-paroles de plusieurs ONG.
Question: Pourquoi affichez-vous votre soutien au Nouveau Front populaire ?
Réponse: Les partis qui sont réunis dans le Nouveau Front populaire sont les seuls à porter au niveau national des mesures très concrètes pour financer la transition écologique. L'arrivée au pouvoir d'une gauche unie serait une opportunité pour une transformation réelle de la finance.
Q: Quelles mesures retenez-vous ?
R: Conditionner les aides aux entreprises au respect de critères environnementaux et sociaux, faire des salariés des acteurs de la vie économique des entreprises en leur réservant un tiers des sièges dans les conseils d'administration, affecter la collecte de l'épargne réglementée vers les besoins sociaux et écologiques, mettre un terme au financement des banques aux énergies fossiles en commençant par les nouveaux projets, augmenter les réserves des banques pour faire face aux risques climatiques... Ce sont des mesures de bon sens qui sont défendues depuis des années par des ONG et des experts scientifiques. Elles sont indispensables pour éviter un emballement catastrophique du climat et une crise économique et financière, les deux marchant ensemble.
Q: Sont-elles suffisantes ?
R: Le programme du Nouveau Front populaire n'est pas suffisant. Il ne comporte que quatre lignes sur le sujet mais c'est déjà quatre lignes qu'on retrouve nulle part ailleurs. Nous maintiendrons la pression après les élections auprès de l'ensemble des décideurs, quel que soit leur bord politique, pour qu'ils adoptent les mesures qui s'imposent.
Q: En quoi le moment est important ?
R: Cela fait deux décennies que les réglementations visent uniquement à contraindre les acteurs financiers à être plus transparent. Aujourd'hui il est indispensable de passer à une réglementation qui va réellement transformer le comportement des acteurs financiers, avec des incitations, comme la mise en place de taux différenciés selon le caractère plus ou moins polluant des activités financées, mais aussi de la contrainte, suivie de contrôles et d'éventuelles sanctions.
Q: Vous ne faites pas confiance à la majorité pour le faire ?
R: Le bilan du dernier quinquennat est extrêmement pauvre. Hormis la réforme du label ISR (investissement socialement responsable, mis à jour et élargi en 2020, NDLR), toutes les propositions ambitieuses ont été rejetées par la majorité au niveau français ou au niveau européen.
Q: Ni au Rassemblement National ?
R: Le RN a montré de manière continue ces dernières années qu'il est animé par un rejet de toute action climatique et environnementale. C'est un parti dont le projet de société est antinomique avec une transition vers des sociétés soutenables où les décisions des acteurs économiques et financiers sont soumises aux impératifs de justice sociale et environnementale. On se souvient la phrase de Jacques Chirac "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs", pour reprendre cette métaphore le RN regarde la maison brûler, il applaudit et il a un jerrican d'essence à ses pieds.
Q: Les financiers doivent-ils s'engager dans la campagne ?
R: La position d'acteurs financiers mutualistes (contre le RN, NDLR) est saluable. Je ne peux qu'inviter les autres acteurs financiers à se positionner pour empêcher une arrivée au pouvoir du Rassemblement national quelles que soient les promesses économiques et financières que le RN pourrait faire.
T.Prasad--DT