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Le constructeur Tesla, qui publie mardi ses résultats trimestriels, traverse une période agitée dans un contexte de concurrence accrue et de marché du véhicule électrique moins sémillant qu'anticipé, rendant les analystes fébriles et fourmillant de questions sur sa stratégie.
Depuis début avril, le groupe américain est omniprésent avec des annonces officielles sporadiques, parfois énigmatiques, et beaucoup de fuites et de spéculations dans la presse.
En particulier: licenciement d'environ 10% des employés --soit autour de 14.000 postes supprimés--, livraisons et production décevantes au premier trimestre, baisses tarifaires, présentation du robotaxi, rappel des pick-up futuristes Cybertruck, ou encore abandon possible du véhicule à bas coût.
Le marché s'y perd, l'action chute.
Sa capitalisation boursière a fondu de 40% depuis le début de l'année, à 468,20 milliards de dollars à la clôture lundi.
"Tout le monde attend ce qu'Elon Musk va dire" sur la stratégie de Tesla, sur ses nouveaux produits ou encore sur la situation en Chine, explique à l'AFP Stephanie Valdez Streaty, directrice d'Industry Insight chez Cox Automotive.
"Tesla a connu une réussite incroyable en accélérant l'adoption du véhicule électrique. Ils ont vraiment été cruciaux pour créer cette dynamique", mais désormais "ils doivent nous dire quel est leur plan", ajoute-t-elle.
Tesla est-il un "groupe automobile, un groupe tech, un groupe d'intelligence artificielle?", interroge-t-elle.
Pour avoir des réponses, elle compte, comme d'autres analystes, sur l'audioconférence avec la direction mardi, à l'issue de la publication des résultats du premier trimestre après clôture de la Bourse de New York.
Le milliardaire va devoir délivrer un "message clair" sur la stratégie du groupe. "C'est crucial" mais , dit-elle, rien n'est moins sûr avec Elon Musk.
- "Transition mondiale" -
"Tesla existe pour accélérer la transition mondiale vers une énergie durable", a écrit le milliardaire lundi sur X (ex-Twitter).
"Joyeuse Journée de la Terre", a-t-il ajouté, quelques heures après avoir salué le dixième anniversaire de la première livraison d'une Model S en Chine.
Le marché chinois lui donne bien du fil à retordre, avec le jaillissement ces derniers mois d'une forte concurrence des constructeurs locaux y compris à l'international.
BYD lui a ainsi ravi le titre de plus gros vendeur mondial de véhicules électriques au quatrième trimestre.
Mais l'honneur est sauf: la Tesla Model Y a été la voiture la plus vendue dans le monde en 2023, une première pour un véhicule électrique.
Et ceci dans un marché moins dynamique qu'anticipé, du moins aux Etats-Unis.
Entre janvier et mars, le constructeur a livré moins de véhicules qu'un an plus tôt et, surtout, bien moins qu'anticipé par les analystes. La production a également déçu, avec un repli de 8,5% sur un an.
Un recul que l'entreprise explique par le lancement de la nouvelle version de la Model 3 dans son usine de Fremont (Californie), par un sabotage ayant mis son usine allemande --son seul site de production en Europe-- à l'arrêt plusieurs jours et par des soucis d'approvisionnement liés à l'instabilité du transport maritime en mer Rouge provoquée par les Houthis.
Mais les analystes de JPMorgan n'"accordent que peu de crédit" à ces justifications, arguant notamment que les stocks de Tesla n'ont jamais été aussi élevés.
- "Raviver la demande" -
C'est sans doute la raison des baisses de prix enclenchées ce week-end en Europe, aux Etats-Unis et en Chine.
Elles "visent à raviver la demande et révèlent que la faiblesse de la demande n'est pas à son terme", estiment les analystes de Bank of America, dans une note lundi.
Ces baisses de prix devraient peser sur les marges de Tesla. D'autant qu'il en a opéré plusieurs aux Etats-Unis en 2023 pour rendre ses véhicules plus abordables dans un contexte d'inflation élevée et de hausse des taux d'intérêts.
D'après Factset, le prix moyen tous modèles confondus ressort à 42.110 dollars au premier trimestre (donc avant les baisses du week-end), contre 46.000 dollars un an plus tôt.
Pour les analystes, Tesla pourrait trouver un second souffle avec un véhicule à bas coût baptisé "Model 2" --autour de 25.000 dollars-- mais son avenir paraît incertain.
La presse a rapporté début avril que le groupe y avait renoncé, ce qu'Elon Musk a semblé démentir à demi-mots.
Le prix "est l'un des obstacles les plus importants. Le secteur a besoin de davantage de produits inférieurs à 30.000 dollars", a relevé Mme Valdez Streaty.
En revanche, le milliardaire est bien décidé à produire son robotaxi, un véhicule 100% autonome. Il doit être dévoilé début août mais il ne devrait pas sillonner les routes avant plusieurs années.
G.Gopalakrishnan--DT