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Les pires inondations jamais enregistrées en Afrique du Sud ont fait plus de 300 morts, selon un nouveau bilan mercredi soir, les fortes pluies sur la côte est ayant dévasté des milliers de maisons, routes et ponts à Durban, grand port africain et épicentre de la catastrophe.
"Le bilan des inondations dans le Kwazulu-Natal (KZN, est) s'élève à 306 morts", a déclaré à l'AFP un porte-parole du bureau de gestion des catastrophes. Un précédent bilan faisait état de 259 morts.
Les plus importantes précipitations enregistrées depuis plus de 60 ans dans la région ont laissé derrière elles un paysage de désolation.
"Les ponts se sont effondrés. Les routes se sont effondrées. Des gens sont morts. Notre peuple est blessé. C'est une catastrophe aux proportions énormes", a déclaré le président Cyril Ramaphosa qui s'est rendu auprès des familles endeuillées.
Dans une banlieue pauvre de Durban, le chef d'Etat a écouté un père de famille raconter l'eau qui monte au milieu de la nuit, l'électricité coupée, ses quatre enfants endormis dans une autre pièce et qu'il n'a pas pu sauver.
Certains pays d'Afrique australe sont régulièrement en proie à des tempêtes meurtrières pendant la saison cyclonique de novembre à avril. Mais l'Afrique du Sud est généralement épargnée.
A certains endroits de l'agglomération qui compte plus de 3,5 millions d'habitants, les glissements de terrain ont laissé des brèches géantes dans le sol. Des maisons accrochées à flanc de colline tiennent miraculeusement au bord de précipices créés par les coulées de boue.
- "Un cauchemar" -
Les autorités locales ont déclaré faire face à un afflux de corps dans les morgues. Les recherches sont menées depuis plusieurs jours par des secouristes qui décrivent "un cauchemar"; des dizaines de personnes sont encore portées disparues. L'armée a été mobilisée.
La pluie a continué à tomber mercredi après-midi et une alerte inondations a été déclenchée dans la province voisine du Cap-Oriental.
En 2019, des inondations dans la région avaient déjà fait 70 morts et dévasté plusieurs villages le long de l'océan Indien. Et en 1995, 140 personnes avaient été tuées dans des intempéries, selon des données recensées par l'AFP.
Nokuthula Ntantiso, une habitante d'un township, a encore un toit sur la tête mais elle se demande pour combien de temps.
"La nuit dernière, je n'ai pas fermé l'œil pensant que la maison pouvait s'effondrer à tout moment", raconte cette employée d'un centre d'appels. Le lendemain matin, la jeune femme de 31 ans a pris le chemin du travail mais a dû rebrousser chemin, un pont s'était effondré.
Les principaux axes routiers sont submergés par une mélasse brunâtre. Les panneaux et les feux de signalisation dépassent d'une épaisse couche de boue que seuls des bulldozers ont pu commencé à déblayer.
Ici, une portion de route a été emportée, laissant une entaille large comme un semi-remorque. Là, d'immenses conteneurs métalliques ont été ballotés sur l'autoroute. Des pillages ont été signalés.
Sur les plages populaires de Durban, des montagnes de branches, bouteilles et déchets ont été charriées. L'activité portuaire a été suspendue.
- Proche d'un cyclone -
La plupart des salles de classe sont restées vides. Au moins 140 écoles ont été touchées, selon les autorités locales.
Les fortes précipitations ont aussi entraîné des coupures d'électricité et perturbé l'approvisionnement en eau. Les liaisons ferroviaires ont été suspendues et les habitants appelés à rester chez eux.
"En 48 heures, il est tombé plus de 450 mm d'eau dans certaines zones", a déclaré à l'AFP Dipuo Tawana, prévisionniste à l'institut météorologique national. Les spécialistes ont comparé le niveau des précipitations à celui "normalement associé aux cyclones".
Les prévisions ont mis en garde contre des pluies persistantes et des risques d'inondations localisées dans les prochains jours. La région a déjà connu des destructions massives en juillet lors d'une vague sans précédent d'émeutes et de pillages.
Dans la journée, pendant un moment de répit, les habitants ont toutefois commencé à déblayer. Ces destructions sont indéniablement liées au "changement climatique qui s'aggrave" avec des phénomènes extrêmes amenés à se reproduire, a mis en garde Mary Galvin, professeur d'études du développement à l'université de Johannesburg.
H.El-Hassany--DT