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"Il nous reste moins de trois jours": malgré des "progrès", le président de la COP28 a solennellement appelé samedi soir les pays à s'émanciper de leurs propres intérêts pour parvenir à un accord capable de juguler le changement climatique.
"Nous faisons des progrès, mais pas assez vite, et de façon pas assez satisfaisante", a déclaré Sultan Al Jaber lors d'une séance plénière devant l'ensemble des délégués des pays, répétant qu'il entendait tenir son calendrier de clôture de la COP28 mardi.
"Il est temps de mettre de côté ses propres intérêts au nom de l'intérêt général", a lancé le patron de la compagnie pétrolière émiratie Adnoc, la mine plus sévère que la veille. Il réunira les ministres et chefs de délégation dimanche à 15H00 locales (11H00 GMT).
Il n'est pas le seul à parler de progrès. Quelques heures plus tôt, l'émissaire chinois pour le climat, Xie Zhenhua, a lui aussi rapporté des avancées, fruit de réunions permanentes entre les grands pays et les grands blocs régionaux.
Les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) causent les deux tiers du réchauffement mais aucune COP n'est jamais parvenue à appeler à leur sortie, à part le charbon il y a deux ans. Jamais la pression n'a été aussi forte que cette année pour les désigner explicitement dans un accord à une COP, Sultan Al Jaber lui-même ayant reconnu cette nécessité.
"Nous avons déjà fait des progrès sur ce sujet, et je pense que nous en aurons d'autres très bientôt, dans les prochains jours", a estimé Xie Zhenhua, vétéran de ces négociations qui était à la COP21 lorsque l'accord de Paris a été adopté, en 2015.
"Car si nous n'y parvenons pas, si nous ne résolvons pas ce sujet (les fossiles, NDLR), je vois peu de chance que nous ayons une COP28 réussie", a-t-il ajouté lors d'une rencontre avec des journalistes.
Ce n'est pas encore la panique. Une source européenne décrit une "phase d'attente et de test".
- Chine et Etats-Unis -
Les quatre binômes de ministres des pays développés et du Sud, désignés pour mener des consultations, ont jusqu’à dimanche après-midi pour dénouer les crispations. Sultan Al Jaber reprendra ensuite le flambeau pour mener les 48 heures finales.
Le grand puzzle diplomatique en train d'être assemblé à Dubaï doit à la fois envoyer le signal que le début de la fin des énergies fossiles a commencé, selon le voeu d'une centaine de pays dont ceux de l'Union européenne, et que la transition énergétique ne doit pas être synonyme de sacrifice pour les pays en développement.
La Chine, attachée à l'accord de Paris, est vue comme un pont entre pays riches et en développement, et son émissaire est de toutes les réunions.
Samedi, Xie Zhenhua a pris soin de rappeler que Chine et Etats-Unis avaient signé une déclaration commune en novembre pour dire que les énergies renouvelables (solaire, éolien...) devaient graduellement remplacer les fossiles.
Cela sera-t-il la base d'un compromis à la COP28?
- "En colère" contre l'Opep -
L'habileté consistera à trouver le point d'équilibre capable de remporter le consensus de 194 pays et de l'Union européenne, les membres de l'accord de Paris.
"Tout l'enjeu est de trouver des formulations qui tiennent compte de la très grande diversité des points de départ de chaque pays et de la manière dont ils imaginent aller vers la neutralité carbone, tout en essayant de maintenir un haut niveau d'ambition", explique la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.
Si près du but, les grands camps répètent leurs positions, et l'ire des pays anti-fossiles vise l'Opep, le cartel des pays exportateurs de pétrole mené par l'Arabie saoudite.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole a réitéré samedi à la tribune son opposition à tout ciblage spécifique des énergies fossiles dans un accord final. Le secrétaire général de l'Opep, Haitham al-Ghais, a écrit cette semaine "en urgence" à ses 23 pays membres ou associés pour les enjoindre de "rejeter proactivement" tout accord ciblant les énergies fossiles.
Ce qui a suscité un déluge de réactions à Dubaï.
Même la ministre espagnole de la Transition écologique Teresa Ribera, dont le pays assure la présidence semestrielle de l'Union européenne, a dénoncé une position "répugnante".
Agnès Pannier-Runacher s'est, elle, dite "stupéfaite" et "en colère".
Mais, preuve que tout le monde se parle, elle a rencontré son homologue saoudien samedi.
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J.Alaqanone--DT