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Les participants au premier sommet africain sur le climat ont appelé mardi à réformer le système financier international, afin d'alléger le fardeau de la dette qui pèse sur les pays africains et les empêche de développer leur "potentiel unique" d'énergies renouvelables.
Ce sommet historique vise notamment à attirer des financements internationaux pour des projets verts sur le continent africain, qui pourrait ainsi se développer économiquement tout en luttant contre le réchauffement climatique qui le frappe durement.
Mardi, les Emirats arabes unis, qui accueilleront la prochaine conférence de l'ONU sur le climat (COP28) en fin d'année, ont promis 4,5 milliards de dollars (4,1 milliards d'euros) d'investissement dans les énergies propres en Afrique.
Sultan Al Jaber, qui présidera également les discussions de la COP28, a également demandé une "remise à niveau complète de l'architecture financière mondiale qui a été construite pour une autre époque", afin notamment de "réduire le fardeau de la dette" qui paralyse de nombreux pays.
Après avoir exhorté le monde à faire de l'Afrique "une superpuissance des énergies renouvelables", le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a lui aussi appelé à une réforme de ce système "dépassé, injuste et dysfonctionnel".
"Les structures de gouvernance mondiale reflètent le monde tel qu'il était, et non tel qu'il est", a-t-il estimé en conférence de presse.
- "Système équitable" -
Chefs d'Etat et de gouvernement, ministres et dirigeants économiques d'Afrique et d'ailleurs sont réunis depuis lundi dans la capitale kényane Nairobi pour un sommet continental inédit.
Cette réunion lance quatre mois de négociations climatiques internationales, qui culmineront avec une bataille annoncée sur la fin des énergies fossiles lors de la COP28 à Dubaï de fin novembre à début décembre.
"L'Afrique détient la clé pour accélérer la décarbonation de l'économie mondiale", a affirmé lundi le président kényan William Ruto dans son discours d'ouverture, qualifiant l'Afrique de "puissance au potentiel inexploité".
Mardi, il a estimé que sans un "régime juste" offrant un allégement de la dette et des investissements abordables, le continent ne pourra pas exploiter son potentiel vert.
"Nous voulons un système financier équitable qui traite tout le monde de la même manière", a-t-il affirmé.
Malgré sa richesse en ressources naturelles, seulement 3% des investissements énergétiques dans le monde sont actuellement réalisés sur le continent africain.
"Notre objectif est la prospérité, pas seulement la survie", a insisté Ken Ofori-Atta, ministre des Finances du Ghana et président du V20, groupement de plus de 50 pays vulnérables au changement climatique.
- "Responsabilités" -
Une transition énergétique propre dans les pays en développement est cruciale pour tenter de maintenir l'objectif de l’Accord de Paris consistant à limiter le réchauffement climatique "bien en-dessous" de deux degrés Celsius depuis l'époque préindustrielle, et de 1,5°C si possible.
Pour y parvenir, l'Agence internationale de l'énergie affirme que les investissements devront atteindre 2.000 milliards de dollars (1.852 milliards d'euros) par an d'ici une décennie, soit huit fois plus qu'actuellement.
Dans son discours, Antonio Guterres a également appelé les dirigeants du G20, réunis ce week-end en Inde, à "assumer (leurs) responsabilités".
Les tensions entre Etats-Unis et Chine, les deux plus grands émetteurs de gaz à effet de serre au monde,inquiètent notamment en vue de la COP28.
L'émissaire américain pour le climat John Kerry a dit espérer lors d'une conférence de presse que les deux pays "se rapprocheront" face à la "menace universelle" du réchauffement climatique.
- Position commune -
L'accent mis par le sommet sur les questions de finances suscite toutefois l'opposition de certains défenseurs de l'environnement, qui jugent l'approche trop alignée sur les intérêts des pays riches.
Lundi, des centaines de personnes ont manifesté à proximité du lieu du sommet pour dénoncer son "agenda profondément corrompu".
Des ONG fustigent notamment les marchés de crédit carbone, perçus comme une "fausse solution" pour dédouaner les pays riches de leurs émissions de gaz à effet de serre.
Le sommet de Nairobi vise également à dégager une vision africaine sur le développement et le climat en vue des négociations climatiques à venir, un objectif ambitieux pour un continent abritant 1,4 milliard d'habitants dans 54 pays politiquement et économiquement divers.
G.Gopinath--DT