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La Cour suprême du Brésil a repris mercredi les débats d'un procès crucial pour les peuples autochtones, dont le verdict pourrait affecter leur droit à occuper leurs territoires ancestraux, dans des réserves considérées comme un rempart face à la déforestation.
Plusieurs centaines de représentants de peuples autochtones de tout le pays sont mobilisés à Brasilia pour suivre les débats.
Les onze magistrats de la plus haute juridiction du pays doivent voter pour valider ou rejeter le "cadre temporel", une thèse qui ne reconnaît comme terres revenant de droit aux autochtones que celles qu'ils occupaient au moment de la promulgation de la Constitution en 1988.
Mais les indigènes expliquent que certains territoires n'étaient plus occupés à cette époque car ils en avaient été expulsés, en particulier sous la dernière dictature militaire (1964-1985).
"Le cadre temporel ne prend pas en compte notre droit fondamental d'occuper nos territoires ancestraux, un droit reconnu par la Constitution, met en péril des réserves déjà homologuées et empêche la démarcation de nouvelles réserves", dit à l'AFP l'avocat Dinamam Tuxa, de l'Association des peuples indigènes du Brésil (APIB).
Au moment de la dernière suspension du procès, seuls trois juges avaient voté: l'un d'eux s'est montré favorable à cette thèse soutenue par le lobby de l'agro-négoce, et les deux autres l'ont rejetée.
Mais l'un de ceux qui ont voté contre, Alexandre de Moraes, a estimé que l'Etat brésilien devrait indemniser certains propriétaires de terres qui seraient transformées en réserves.
Le procès, qui devrait faire jurisprudence, porte plus précisément sur le cas du territoire Ibirama-Laklano, dans l'Etat de Santa Catarina (sud), qui a perdu son statut de réserve indigène en 2009, à la suite d'un jugement d'une instance inférieure.
Les juges avaient alors justifié leur décision en expliquant que ces terres n'étaient pas occupées par les autochtones en 1988.
Le Brésil compte au total 764 territoires indigènes déjà délimités, mais près d'un tiers d'entre eux n'ont pas encore été officiellement homologués.
L'homologation de nouvelles réserves était au point mort durant le mandat du président d'extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022), qui a tenu sa promesse de ne "pas céder un centimètre" de terres aux autochtones.
Mais le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, de retour au pouvoir en janvier, en a homologué six en avril et a promis de faire avancer encore ce processus.
De nombreux scientifiques considèrent que ces réserves constituent des remparts contre la déforestation, en raison du mode de vie traditionnel des indigènes, plus respectueux de l'environnement.
Selon le dernier recensement, réalisé l'an dernier, le Brésil compte près d'1,7 million d'autochtones.
A.Ansari--DT