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La justice a ouvert une enquête vendredi sur la gestion du terrible incendie qui a fait au moins 67 morts sur l'île de Maui, actuellement remise en question sur l'archipel d'Hawaï, où certains locaux s'étonnent que les sirènes d'alarme n'aient pas retenti pour prévenir les habitants.
A Lahaina, l'ex-capitale du royaume d'Hawaï quasiment rasée par les flammes, les rescapés comment à revenir et nourrissent des reproches face à leur ville en cendres.
Les locaux n'ont pu compter que sur le "réseau noix de coco", a dénoncé auprès de l'AFP William Harry. Autrement dit, sur le bouche-à-oreille et les rumeurs.
"Où est le gouvernement ? Où sont-ils ?", a lancé un autre homme, visiblement excédé, qui n'a pas voulu donner son nom.
Dans ce contexte polémique, l'avocate générale d'Hawaï, Anne Lopez, a ouvert une enquête sur la gestion de crise.
"Mes services s'engagent à comprendre les décisions qui ont été prises avant et pendant les incendies et à partager avec le public les résultats de cet audit", a annoncé la magistrate dans un communiqué.
Les sirènes censées retentir en cas d'incendie n'ont pas été actionnées, a confirmé à CNN un porte-parole de l'agence responsable de la gestion des crises à Hawaï. Il a précisé que des alertes avaient été envoyées sur les portables des habitants, et diffusées à la radio et à la télévision.
Le désastre est l'une des catastrophes les plus meurtrières de l'histoire récente de l'archipel. Avec 67 morts, le bilan provisoire dépasse déjà celui du tsunami de 1960 qui avait fait 61 morts sur l'île d'Hawaï.
- Recherches de cadavres -
"Sans aucun doute, il y aura d'autres morts", a averti le gouverneur d'Hawaï, Josh Green, sur CNN.
Les autorités fédérales doivent déployer des chiens pour assister les secouristes à la recherche d'éventuels cadavres sous les décombres.
Le chef de la police du comté de Maui, John Pelletier, a déclaré jeudi que jusqu'à 1.000 personnes pourraient manquer à l'appel. Cela ne signifie pas qu'elles sont officiellement portées disparues ou mortes, a-t-il toutefois souligné.
A Lahaina, ville qui abritait 12.000 habitants avant d'être dévorée par les flammes, d'innombrables maisons, commerces et voitures ont été réduits à de simples tas de cendres, a constaté une journaliste de l'AFP.
Les rescapés peuvent revenir dans la ville depuis vendredi midi et découvrent au compte-gouttes cette zone qui semble avoir été bombardée.
- "Aussi intense que l'enfer" -
Parmi eux, Anthony La Puente a retrouvé sa maison réduite à un tas de cendres encore chaudes, au milieu desquelles une timbale a étrangement survécu.
"C'est dur de ne pas pouvoir retrouver les choses avec lesquelles on a grandi, les choses dont on se souvient", a-t-il confié à l'AFP, après avoir vécu 16 ans dans cette habitation. "Ca fait mal, ça vous affecte émotionnellement."
Le président Joe Biden s'est entretenu avec le gouverneur Josh Green, a fait savoir vendredi la Maison Blanche. Le démocrate a décrété jeudi l'état de catastrophe naturelle à Hawaï, ce qui va permettre de débloquer d'importantes aides fédérales pour financer les secours, hébergements d'urgence et efforts de reconstruction.
Les incendies ont été alimentés par des vents violents, nourris par la force de l'ouragan Dora, qui passe actuellement dans l'océan Pacifique.
Traumatisés par la vitesse du feu, les survivants de Lahaina ont raconté avoir dû fuir en un rien de temps.
L'incendie était "aussi intense que l'enfer", a raconté à l'AFP Ekolu Brayden Hoapili. Dans la panique, "j'ai laissé plein de gens derrière moi", a-t-il regretté, ému.
Trois incendies, dont celui près Lahaina, étaient encore actifs vendredi sur Maui.
Ces incendies ravageurs interviennent au milieu d'un été marqué par une série d'événements météorologiques extrêmes, partout sur la planète, dont une vague de chaleur extrême dans le sud des Etats-Unis.
Ils se sont propagés d'autant plus facilement que l'île de Maui souffre d'une année moins pluvieuse que d'habitude. La partie ouest de Maui, là où se trouve Lahaina, subit actuellement une sécheresse "sévère" à "modérée", selon le US Drought Monitor.
W.Darwish--DT