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La fête n'est pas encore terminée: TotalEnergies a encore réalisé de solides bénéfices de 4,1 milliards de dollars au deuxième trimestre, mais avec une nette baisse de 28% par rapport à l'an dernier, conséquence du recul des prix du gaz et du pétrole qui avaient atteints des niveaux stratosphériques en 2022.
Sans surprise, à Londres, la major britannique Shell a elle aussi enregistré jeudi un bénéfice toujours élevé mais en baisse, à 3,1 milliards de dollars, une dégringolade de plus 80% sur un an.
L'année dernière avait été exceptionnelle pour TotalEnergies, avec un bénéfice net annuel de 20,5 milliards de dollars (19 milliards d'euros), son record absolu après ses 16 milliards de 2021.
Comme ses concurrentes majors occidentales, le géant français avait profité de la flambée des prix du gaz et du pétrole. Le marché était alors bouleversé par la reprise économique post-pandémie et plus encore par l'offensive russe en Ukraine suivie de sanctions internationales visant à assécher la manne pétro-gazière de Poutine.
Depuis, les pays qui dépendaient des énergies fossiles de Moscou ont réorganisé leur stratégie d'approvisionnement, contribuant à un repli des prix.
Le baril de pétrole Brent de la mer du Nord s'est vendu en moyenne à 78,1 dollars au 2e trimestre, loin des presque 114 dollars de moyenne l'an dernier à la même époque. Même décrue sur les prix de vente moyen du GNL, qui se négociait au 2e trimestre à 9,84 dollars/Mbtu (milliers d'unités thermiques britanniques, l'unité de référence), contre 13,96 dollars au même trimestre 2022. Une accalmie, donc, mais jusqu'à quand?
Il y a peu, le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, s'est montré prudent sur les approvisionnements en gaz cet hiver, indiquant que s’il faisait froid en Europe, les stockages ne suffiraient pas pour répondre à la demande sur la saison, ce qui nécessiterait de recourir à plus d’importations et à des prix élevés. "Les prix d'amis ne marchent pas dans un marché d'offre et de demande", a-t-il averti.
- Boom du GNL -
Malgré cette baisse, le groupe compte encore sur une très bonne année 2023, grâce notamment à une stratégie payante dans le gaz naturel liquéfié (GNL).
Ses ventes de GNL ont connu une forte hausse de 15% l'an dernier alors que le monde se ruait — et se rue toujours — sur cette source d'énergie acheminée par bateaux, après la décision de Moscou de couper ses approvisionnements par gazoducs.
TotalEnergies est le 3e acteur mondial du GNL, et parie depuis plusieurs années sur le gaz, aux Etats-Unis, au Moyen-Orient et en Russie. Dans ce pays, il détient toujours 20% dans le champ gazier de Yamal LNG en Sibérie, au côté de la société privée russe Novatek (50,1%).
En juin 2022, M. Pouyanné avait expliqué que "faute de sanctions officielles" de l'Union européenne sur le GNL et Novatek, "dénoncer unilatéralement nos contrats de gaz de long terme avec la Russie obligerait le groupe à verser 40 à 50 milliards de pénalités" aux Russes. "Ce n'est pas raisonnable" avait-il dit.
Le groupe, qui veut porter la part du gaz à 50 % dans son éventail de ventes d'ici à 2030 (contre 30% pour les produits pétroliers), a annoncé le mois dernier s'associer à un nouveau projet du terminal texan Rio Grande, une usine de liquéfaction de gaz.
De quoi alimenter encore les critiques des associations environnementales qui lui reprochent ses investissements continus dans les énergies fossiles, néfastes pour le climat.
Le groupe y répond, multipliant, tous azimuts, les annonces d'investissements à coups de milliards dans l'électricité renouvelable: par exemple son intention de développer 3 GW de projets solaires en Espagne ou encore l'équivalent dans l'éolien en Allemagne. Mercredi, il a annoncé l'acquisition à 100% de Total Eren, leader dans la production d'électricité renouvelable pour 1,5 milliard d'euros.
Au même moment, TotalEnergies confirmait aussi le début des forages de puits de pétrole en Ouganda, dans le cadre du mégaprojet Tilenga/Eacop, décrié par les associations de défense de l'environnement et des droits humains. Globalement, sa production de pétrole a encore augmenté ce trimestre, grâce à de nouveaux champs au Nigeria, au Brésil et à Oman.
G.Rehman--DT