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Gérald Darmanin a entamé samedi une visite à Mayotte pour défendre Wuambushu, son opération contestée de lutte contre la criminalité, l'immigration illégale et l'habitat insalubre, promettant aussi de remédier au manque d'eau qui frappe cet archipel français de l'océan Indien.
Le ministre de l'Intérieur est en visite jusqu'à dimanche dans le 101e département français, le plus pauvre du pays, à la situation sociale et sécuritaire explosive.
Le gouvernement y a déployé depuis avril des centaines de policiers et gendarmes supplémentaires pour mener une série d'interventions regroupées sous le nom de Wuambushu ("reprise" en mahorais).
"C'est une opération qui donne des bons résultats, il faut que nous continuions, sans doute un peu différemment", a déclaré Gérald Darmanin devant la presse à Combani, dans le centre de Grande-Terre.
En visite dans un régiment, il a précisé que Wuambushu serait prolongée de "plus d'un mois" puis qu'un "deuxième type d'opération" débuterait en septembre, ciblant via des procédures judiciaires l'agriculture et la pêche illégales, ainsi que les marchands de sommeil.
Lancée officiellement le 24 avril, Wuambushu avait des objectifs ambitieux mais ses résultats sont pour l'instant modestes, aux yeux des collectifs qui la soutiennent.
"Il a le soutien de la population mais il ne faut pas qu'il nous lâche (...). Il n'y a pas un seul service public de l'île qui n'est pas impacté par l'immigration clandestine", a affirmé à l'AFP Safina Soula, présidente du collectif des citoyens de Mayotte 2018.
- Une deuxième prison en projet -
Dans une interview au Figaro mise en ligne vendredi, Gérald Darmanin a assuré que le gouvernement maintiendrait "plus d'un millier" de forces de sécurité sur l'île.
Défendant le bilan de l'opération, il a affirmé qu'en deux mois, "les violences contre les personnes ont été réduites de 22%" et les cambriolages, vols et atteintes aux biens "de 28%", revendiquant aussi avoir "divisé par trois le flux entrant de clandestins".
Reste que l'objectif de détruire avant fin juin 1.000 bangas, ces cases insalubres en tôle, a été repoussé à la fin de l'année.
Depuis le début de l'opération, dénoncée par des associations comme "brutale" et "antipauvres", seuls deux bidonvilles, Talus 2 et Barakani, ont été démantelés, ce qui correspond à environ 250 habitations.
Les expulsions, avec un objectif de 150 à 400 éloignements quotidiens contre 70 par jour en moyenne en 2022, ont été perturbées par l'arrêt des liaisons maritimes avec les Comores pendant près d'un mois, Moroni refusant l'accostage sur l'île comorienne d'Anjouan de bateaux transportant des migrants.
Les traversées ont repris le 17 mai, Gérald Darmanin assurant que Moroni acceptait désormais "100% des personnes irrégulières".
En 2023, "on aura beaucoup plus d'expulsions" qu'en 2022, quand 25.000 personnes avaient été expulsées de Mayotte toutes destinations confondues, a-t-il aussi promis.
Le ministre a annoncé qu'il se rendrait "après les vacances d'été au Burundi, au Rwanda, en Tanzanie et au Mozambique, sans doute pour négocier des accords de réadmission" avec ces pays d'où proviennent une partie des migrants.
Il s'est aussi dit favorable à déplacer vers la métropole certains réfugiés auxquels l'asile a été accordé.
Le dernier objectif de Wuambushu, la lutte contre la criminalité, pose lui des problèmes de surpopulation carcérale, au point que l'unique prison de l'île a été bloquée début juin par des surveillants pénitentiaires, le taux d'occupation étant passé à 230%.
Gérald Darmanin s'est dit favorable à la construction d'un deuxième centre de rétention administrative (CRA), où des migrants en attente d'expulsion sont enfermés, et d'une nouvelle prison, mais qu'aucun terrain n'était pour l'heure identifié pour les bâtir.
- "On ne manquera pas d'eau" -
"Maintenant que nous reprenons la main sur la sécurité, il faut s'occuper de tout le reste", a poursuivi Gérald Darmanin.
Avec son ministre délégué chargé des Outremer Jean-François Carenco, ils ont visité une retenue d'eau dont le niveau est anormalement bas pour la saison, et promis d'accélérer les travaux pour améliorer l'accès à l'eau potable: augmenter les capacités des usines de dessalement, moderniser le réseau de distribution...
Les coupures d'eau sont quasi-quotidiennes à Mayotte, qui connaît sa pire sécheresse depuis 1987.
"On ne manquera pas d'eau potable à Mayotte, il y aura des bouteilles d'eau pour tout le monde à des prix extrêmement raisonnables", a promis Gérald Darmanin, qui a annoncé un blocage des prix à partir du 15 juillet.
A.Al-Mehrazi--DT