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Le tribunal administratif de Grenoble a rejeté vendredi la requête des organisateurs d'une grande manifestation prévue samedi contre le chantier de la ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin contestant l'arrêté d'interdiction pris la préfecture de Savoie.
La requête déposée par les Verts (EELV), ATTAC Savoie et l’association Vivre et agir en Maurienne a été rejetée car la "configuration du parcours (...) ne garantit pas (...) la sécurité" du cortège, mais aussi du fait du "risque d’intrusion des sites particulièrement sensibles" et de l'éventuelle présence de "manifestants radicaux", selon l'ordonnance publiée sur le site du tribunal saisi en référé.
"Le droit de manifestation est de plus en plus restreint en France", a réagi auprès de l'AFP l'avocat des requérants, Me Arie Alimi.
Il a dénoncé une "interdiction au dernier moment", prise par la préfecture de Savoie jeudi, "alors que l'évènement a déjà commencé, que les manifestants sont déjà là", dans cette vallée célèbre pour ses stations de ski, à proximité de la frontière italienne.
Sans attendre le résultat des recours, les manifestants ont en effet commencé vendredi soir à installer leur campement dans les prés, dans la partie basse de la vallée de la Maurienne, sur un terrain prêté par la commune de La Chapelle, hors de la zone d’interdiction tracée par les autorités.
Cette décision du tribunal "vise à poursuivre la criminalisation du mouvement environnemental engagée par le ministre de l'Intérieur depuis un certain temps", a encore affirmé Me Alimi.
Dans son ordonnance, le tribunal considère notamment que "la configuration du parcours qui comporte des difficultés pour la circulation de véhicules de secours et de sécurité ne garantit pas, ainsi que le préfet l'avait mentionné (...) la sécurité suffisante d'un cortège dont le nombre peut être évalué à 3000 personnes".
"L’interdiction s’inscrit dans un contexte particulier où des mouvements radicaux ne sont pas à exclure, le préfet de la Savoie faisant état (...) de l’éventuelle présence de 400 manifestants radicaux dont le comportement est de nature à compromettre le caractère pacifique de la manifestation et à créer un risque de confrontation avec les sympathisants du projet", estime encore le tribunal.
Le rassemblement "Stop au Lyon-Turin" vise à dénoncer les impacts écologiques, notamment sur l'eau, de ce chantier "ferroviaire titanesque" impliquant le forage de galeries à travers les massifs alpins. Selon les militants écologistes, les travaux vont "détruire la montagne pour les intérêts économiques de quelques-uns, au détriment du vivant".
Le dossier impulsé par Bruxelles en 1992 suscite un regain de tensions entre partisans et opposants alors que le ministère français des Transports a commencé à chiffrer le coût des 150 km de voies d'accès au tunnel en cours de creusement sous les Alpes.
I.Khan--DT