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Emmanuel Macron a dévoilé jeudi sa stratégie pour "accélérer" la "réindustrialisation" de la France, avec comme mesures phares un "crédit d'impôt industrie verte" et une refonte du bonus automobile pour favoriser indirectement les véhicules et batteries produits en Europe.
Le chef de l'Etat avait annoncé la couleur dans un long entretien à l'hebdomadaire Challenges: la réindustrialisation, c'est "la mère des batailles", a-t-il dit, après s'être attelé dans la douleur aux retraites, longtemps présentées en Macronie comme "la mère de toutes les réformes".
"Je suis convaincu que cette bataille, on peut la gagner", a-t-il lancé jeudi à l'Elysée devant les acteurs de l'industrie française, lors d'un long discours dans lequel il a vanté son bilan et la "cohérence" de sa politique économique.
Selon lui, "on ne peut pas avoir un modèle social fort en désindustrialisant", ni atteindre le "plein emploi". Réindustrialiser, c'est aussi "créer du pouvoir d'achat", "stopper le décrochage de cette France des territoires", a-t-il plaidé.
Alors qu'il tente de relancer son quinquennat embourbé, le président Macron a annoncé plusieurs mesures pour passer à la vitesse supérieure.
La première, dévoilée dès mercredi, vise à mettre en place des "procédures hypersimplifiées" pour "diviser par deux les délais" d'une nouvelle implantation industrielle en France, en passant de 17-18 mois aujourd'hui à neuf mois "maximum".
Pour cela, alors que le foncier industriel est rare, la banque des territoires va investir un milliard d'euros pour "dépolluer" des friches existantes et les mettre à disposition, "prêtes à l'emploi", pour de futurs nouveaux projets.
Au passage, le président espère que cela permettra de réduire les "recours abusifs" qui "créent du découragement".
Il a aussi promis 700 millions d'euros supplémentaires pour développer des formations aux "métiers d'avenir" ou "en tension" dans l'industrie.
-Riposte à Joe Biden-
Emmanuel Macron a annoncé la création d'un "crédit d'impôt industrie verte" pour soutenir la production de batteries, pompes à chaleur, éoliennes ou panneaux solaires.
Il fera partie du projet de loi industrie verte attendu mardi en Conseil des ministres, et permettra selon lui "de déclencher 20 milliards d'investissements sur le territoire national d'ici 2030".
Quant au bonus écologique à l'achat d'une voiture électrique, il sera réformé pour "prendre en compte l'empreinte carbone" de leur production et ainsi favoriser les véhicules fabriqués en Europe puisqu'en Chine, l'énergie qui permet de les produire repose encore largement sur le charbon.
Même logique pour les commandes publiques qui vont prendre en compte les critères environnementaux "pour les produits clés de la décarbonation" comme les éoliennes et les pompes à chaleur dès juillet 2024 au lieu de 2026.
Ces annonces se veulent la mise en musique française de la riposte européenne à la politique très volontariste, sinon protectionniste, établie par Joe Biden aux Etats-Unis pour soutenir l'industrie et la transition énergétique. Emmanuel Macron avait été à l'automne en première ligne pour pousser le Vieux Continent à s'armer face à cette concurrence, ainsi que face à la montée en puissance chinoise.
Le chef de l'Etat a d'ailleurs appelé l'Union européenne à faire "une pause réglementaire européenne" en matière de contraintes environnementales, estimant qu'elles étaient déjà plus strictes qu'ailleurs et qu'il fallait désormais de la "stabilité".
L'exécutif estime que sa politique depuis 2017 commence à porter ses fruits. Il met en avant les 300 créations nettes d'usines en France entre 2017 et 2022, à comparer avec les 600 destructions nettes entre 2008 et 2016.
Le président prédit même le rattrapage "d'ici la fin du quinquennat" du "choc de désindustrialisation dû à la crise de 2008".
"Ce n'est pas dû à Emmanuel Macron", a balayé jeudi sur France 2 le député La France insoumise Alexis Corbière, déplorant qu'il veuille "changer la conversation" alors que le mouvement contre la retraite à 64 ans se poursuit.
Vendredi, le chef de l'Etat doit se rendre dans le Nord pour visiter l'usine Aluminium Dunkerque, "le plus gros producteur d'aluminium primaire d'Europe", selon l'Elysée.
Il doit aussi "officialiser de nouveaux investissements", dont l'implantation par le groupe taïwanais ProLogium d'une quatrième usine de batteries pour véhicules électriques en France, pour une entrée en production à partir de la fin de 2026.
Cet investissement fait partie des annonces attendues lundi à la sixième édition du sommet "Choose France" organisée au château de Versailles. Cette réunion annuelle lancée par Emmanuel Macron en 2018 vise à attirer les investissements étrangers dans le pays.
D.Naveed--DT