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Amère et filandreuse, la feuille de coca que l'on mastique depuis des millénaires dans les régions andines d'Amérique du Sud pour ses vertus énergisantes se consomme désormais en Bolivie plus douce et fruitée.
La petite feuille verte est l'élément de base de la cocaïne dont la Bolivie, le Pérou et la Colombie sont les premiers producteurs au monde.
Mais elle est aussi consommée depuis des siècles dans les régions andines pour ses vertus énergisantes.
La plupart du temps elle est mastiquée ou utilisée pour faire des infusions.
Parfois, elle est aussi employée en cuisine, notamment en Colombie, pour confectionner pains et galettes, une fois réduite en farine.
Le "pijcheo", "boleo", "coqueo" ou "mambeado" de la coca consiste à mastiquer sans l'avaler la feuille de coca comme s'il s'agissait d'un chewing-gum.
"Cela aide à calmer la faim, à éliminer le stress et à donner plus de force, plus de courage pour travailler", explique Luis Vasquez, un entrepreneur de 23 ans à la tête de l'entreprise El Dogor, qui fabrique et commercialise la feuille aromatisée à Santa Cruz, la capitale économique de la Bolivie.
C'est dans cette ville de 3,4 millions d'habitants, située 860 km à l'est de la capitale La Paz, qu'est née il y a une dizaine d'années l'idée de proposer des feuilles de coca au goût fruité.
Désormais, c'est le produit phare de dizaines de petites entreprises de la ville.
- "Parfait pour passer le temps" -
Avant, il était normal de mastiquer la feuille brute, explique Luis Vasquez. Mais aujourd'hui, les gens "la préfèrent mélangée à de l'édulcorant aromatisé", assure-t-il.
"C'est comme si on mettait un condiment sur de la nourriture, cela lui donne une touche particulière", assure Isaac Salazar, un boucher de 21 ans, une boule de feuilles de coca coincée sous la joue. Sans cela, la feuille est "un peu sèche, dure et rugueuse", explique-t-il devant son étal d'un marché couvert de la ville. "Écrasée, assouplie et avec un goût, que ce soit salé ou sucré, c'est parfait pour passer le temps", sourit-il.
Dans la petite usine El Dogor, une vingtaine d'employés, certains munis d'un masque en tissu, d'autres de gants en latex noirs, sont à l'oeuvre: après avoir retiré à la main les tiges des feuilles, celles-ci sont mélangées à du bicarbonate de sodium et des arômes artificiels goût fruit de la passion, fraise, mangue ou encore ananas.
Le mélange est ensuite placé dans des sachets en plastique transparent qui vont être frappés sur des rondins en bois à l'aide de marteaux. Il s'agit de "ramollir la feuille", explique Luis Velasquez. Chaque sachet de 113 gr est vendu 4 euros environ.
Selon les statistiques officielles, un Bolivien sur trois mâche de la coca ou l'utilise à des fins thérapeutiques ou rituelles.
En 2021, les champs de coca occupaient 30.500 hectares en Bolivie, un pays de 12 millions d'habitants, dont un peu plus d'un tiers d'indigènes, selon un rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
L'Etat autorise la culture d'un maximum de 22.000 hectares pour des usages traditionnels. Le surplus alimenterait le trafic de drogue.
J.Alaqanone--DT