AEX
-11.9800
"La dernière fois que j'ai manifesté à Londres, c'était en 2003 contre la guerre en Irak !", raconte Jenny O'Hara, au milieu d'une foule défilant samedi à Londres pour la planète et contre "l'inaction du gouvernement" dans une ambiance bon enfant.
Les manifestants ont rivalisé d'imagination. L'un, perché sur des échasses, est déguisé en arbre avec des branches qui s'élèvent au-dessus de lui. Des enfants ont mis leur plus beau déguisement d'animal. Une femme passe avec d'immenses ailes de papillon colorées.
La manifestation dans le centre de la capitale britannique a été organisée à l'appel du groupe écologiste Extinction Rebellion (XR), connu depuis sa création en 2018 pour ses actions coup de poing, pendant lesquelles par exemple des militants se sont juchés sur une rame de métro ou sur un avion.
Mais en janvier, Extinction Rebellion a annoncé la suspension au Royaume-Uni de ces opérations spectaculaires et controversées préférant mobiliser pour une grande manifestation, plus consensuelle, contre l'inaction du gouvernement sur l'environnement.
Samedi, familles avec enfants en poussette, retraités, jeunes adultes, se sont ainsi réunis pour cette manifestation qui s'est tenue pour "Earth Day", la Journée de la Terre, dans le quartier de Westminster où se trouve le Parlement. Des dizaines d'organisations ont rejoint l'appel lancé par XR.
Pour Joseph Young, un membre de la première heure de XR, la stratégie semble payante. "Il y a beaucoup de monde, tous là pour la même cause. Cela va encourager les gens à rejoindre la mobilisation sur le climat", estime ce travailleur social de 43 ans. Sa compagne, Laura Churchill, 40 ans, ne croit pas, elle, que ce genre de manifestation soit "utile". "Mais c'est très sympathique d'être ici".
Leur fille de 5 ans, Jurno, porte un costume de guépard. "Ce sont mes animaux préférés, je voudrais qu'ils soient protégés", dit-elle.
- Urgence -
Un autre enfant tient un dessin de dinosaure avec une question : "Sommes-nous les prochains sur la liste ?". Des panneaux indiquent qu'"un tiers des oiseaux au Royaume-Uni risquent de disparaître". Les slogans sur la disparition des abeilles sont omniprésents.
Jenny O’Hara a fait six heures de train avec ses deux enfants depuis le Pays de Galles pour venir manifester. "Rester passif n'est plus une option vu l'urgence de la situation", dit cette femme de 47 ans qui travaille pour une organisation caritative. Elle explique cependant peu participer aux mobilisations, trop prise par sa vie de famille et son travail.
"La crise climatique et écologique n'est pas quelque chose qui va se produire dans le futur, elle est déjà là, nous pouvons le voir avec le manque notable d'insectes et d'animaux sauvages chaque printemps et chaque été", s'inquiète une porte-parole d'ER, Zoe Cohen.
Lisa Longstaff, qui travaille à Londres dans un centre pour les femmes, brandit une pancarte plus polémique : "Nous défendons le climat mais la police nous arrête".
Vendredi, un militant de l'organisation écologiste Just Stop Oil a été condamné à trois ans de prison pour avoir bloqué un axe important de circulation près de Londres en octobre, une peine d'une sévérité exceptionnelle.
"C'est scandaleux. Mais cela n'empêchera personne de manifester. Nous sommes ici pour défendre le monde", dit cette femme de 60 ans.
A la fin de la manifestation, des participant se sont couchés par terre, en silence : un hommage aux animaux sauvages disparus depuis la première Journée de la Terre en 1970.
La mobilisation va se poursuivre dimanche et lundi.
K.Javed--DT