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L'administration Biden a déclaré mardi envisager d'imposer des restrictions d'envergure à l'utilisation des eaux du fleuve Colorado, dont le flux s'amenuise, après l'impasse de négociations entre plusieurs Etats américains.
Près d'un quart de siècle de sécheresse, aggravée par le changement climatique et une augmentation des besoins en eau, a réduit le fleuve, autrefois impétueux, à un niveau inquiétant.
A tel point que les réservoirs et barrages hydroélectriques le long de son cours sont menacés.
Le fleuve approvisionne quelque 40 millions de personnes en eau du massif des Rocheuses au golfe de Californie, au Mexique, et irrigue des millions d'hectares de terres arables pour nourrir l'Amérique.
Malgré de nombreuses dates butoirs, sept Etats américains se trouvent dans une impasse pour s'accorder sur leurs niveaux de consommation. Le but: empêcher d'atteindre le point critique, quand les tuyaux d'alimentation du gigantesque barrage Hoover se trouveront au-dessus du niveau de l'eau et que le fleuve cessera de s'écouler.
L'agence fédérale chargée de gérer les ressources en eau a déclaré mardi qu'elle pourrait imposer des coupes obligatoires. Les consommations des usagers en aval du lac Mead (Californie, Nevada, et Arizona) seraient ainsi restreintes de la même façon.
Une telle décision chamboulerait le système qui réglemente depuis plus d'un siècle la répartition de l'eau du fleuve sur la base d'un critère d'ancienneté, ce qui favorise les agriculteurs de Californie.
"Tout le monde comprend l'ampleur de la crise", a déclaré, selon le Los Angeles Times, Tommy Beaudreau, ministre adjoint de l'Intérieur - qui, aux Etats-Unis, est chargé de la gestion des terres fédérales.
Ce responsable a souligné que les précipitations plus importantes que la normale dans l'Ouest américain cet hiver représentaient une aubaine pour le fleuve et soulageraient un peu la pression, sans être une solution permanente.
Malgré ces précipitations, "personne n'est à l'abri", a-t-il déclaré appelant à l'"unité" pour résoudre le problème.
- 40% du débit -
La proposition de l'agence fédérale met en avant deux autres options pour le fleuve: restreindre la consommation en respectant le critère d'ancienneté, ou... ne rien faire.
La première solution permettrait aux agriculteurs de Californie d'être quasiment exemptés de toute restriction. Les usagers arrivés plus tard sur le réseau d'alimentation en eau paieraient un tribut plus élevé.
Le Nevada et l'Arizona, deux Etats du sud-ouest, seraient particulièrement touchés. La métropole arizonienne de Phoenix ne recevrait presque plus d'eau potable.
"Nous ne laisserions pas cela se produire", a néanmoins assuré Tommy Beaudreau au New York Times.
Mais déroger à la régulation existante du fleuve, en imposant des coupes en pourcentage à tous les usagers, pourrait provoquer des poursuites en justice de la part des agriculteurs californiens. Depuis des décennies, ils ont utilisé les eaux du fleuve pour transformer un paysage quasi-désertique en l'un des vergers de l'Amérique.
Accolé au barrage Hoover, le lac Mead a atteint l'été dernier son niveau le plus bas depuis 1937, au point qu'un fut métallique contenant le corps d'une personne tuée dans les années 1980 avait été découvert sur la rive asséchée.
Selon une étude publiée en 2020 par l'agence géologique américaine (USGS), le débit du Colorado a baissé en moyenne de 20% depuis un siècle, et au moins la moitié de cette baisse peut être attribuée à l'élévation des températures dans la zone.
L'an dernier, les autorités fédérales avaient exhorté sept Etats de l'Ouest à s'accorder pour réduire leur consommation à un maximum de 40% du débit du fleuve.
Six Etats avaient proposé que la majorité de ces restrictions soient imposées à la Californie, qui n'avait pas donné son accord à ce plan et avait ensuite publié une contre-proposition, suggérant que les coupes proviennent principalement de l'amont.
G.Gopinath--DT