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L'inflation offre un peu de répit au ticket de caisse: après deux reports, la fin de son impression systématique n'interviendra finalement que le 1er août pour permettre aux consommateurs de continuer à le consulter en cette période de valse des prix.
Cette mesure prise au nom de l'écologie avec pour objectif de réduire la production de déchets, concerne également les tickets de cartes bancaires et les bons d'achat. Devant initialement entrer en vigueur le 1er janvier 2023, elle avait de nouveau été reportée au 1er avril.
Mais invoquant le contexte inflationniste, le gouvernement avait une nouvelle fois repoussé l'échéance fin mars, sans avancer immédiatement une nouvelle date. Ce sera donc finalement le 1er août, selon un décret publié samedi au Journal officiel.
Dimanche dernier, le cabinet d'Olivia Grégoire, ministre déléguée au Commerce, avait assuré que le nouveau report ne remettait "pas du tout en question le bien-fondé de cette mesure de bon sens" mais relevait d'une décision "pragmatique", adaptée au "contexte" inflationniste.
"Quand vous avez une inflation à 15% dans les rayons, que le ticket de caisse est un repère pour beaucoup de Français, il nous semblait important de garder ce repère" le temps de "passer le pic inflationniste", avait-il fait valoir.
La fin de l'impression systématique des tickets de caisse à l'issue d'une transaction commerciale - sauf demande explicite du client - découle de la loi "anti-gaspillage et économie circulaire", votée en 2020.
La mesure vise à réduire la production de déchets, alors que près de 30 milliards de tickets sont imprimés chaque année en France.
Mais face à la valse des prix, notamment sur les produits alimentaires dans les grandes surfaces, nombre de consommateurs continuent de consulter fréquemment leur ticket de caisse pour vérifier le détail de leurs courses.
- "Pas pratique" -
"Ca fait faire des économies, c'est bon pour la planète, je sais... Mais pour mes comptes, regarder tout le temps sur internet, ce n'est pas pratique", rouspétait ainsi Jean-Claude Glissant, un quarantenaire interrogé récemment par l'AFP à la sortie de l'hypermarché E.Leclerc de Pantin, en Seine-Saint-Denis.
Lucia Freixeda, 62 ans et pas encore retraitée, montrait quant à elle son propre ticket de caisse. "Il y a une erreur là, vous voyez? Sur la borne à l'intérieur du magasin, c'était marqué 1,99 euro, et là c'est 2,99 euros", expliquait-elle. Quand les tickets ne seront plus automatiquement proposés par les commerces, elle les "demandera quand même".
A Toulouse, dans un quartier du centre, l'idée de recevoir son ticket par voie électronique faisait sourire Ahmed Sessi, 74 ans, qui estimait être "trop vieux pour comprendre comment ça marche".
Selon Perifem, une association qui réunit les acteurs de la distribution autour de questions énergétiques ou environnementales, les Français sont "encore plus de la moitié à dire vouloir demander un ticket sous format papier".
Son délégué général, Franck Charton, avait ainsi salué dimanche dernier le nouveau report "afin que les enseignes s'organisent pour proposer des solutions dématérialisées alternatives".
La Cnil, la commission garante des libertés face au numérique, a publié le 10 mars ses recommandations pour le respect de la vie privée des consommateurs, évoquant des solutions permettant d'obtenir un ticket de caisse sans communiquer de coordonnées personnelles, comme le QR Code.
Des associations de consommateurs comme l'UFC-Que Choisir et Familles rurales ont également émis de nombreuses réserves face à la suppression annoncée du ticket de caisse.
Selon le texte du décret, les tickets faisant état d'une opération bancaire annulée, soumise à un régime de pré-autorisation ou faisant l'objet d'un crédit devront toujours être imprimés automatiquement. Ne sont pas concernés aussi les tickets mentionnant la durée d'une garantie légale.
I.Viswanathan--DT