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Le monde a une occasion "historique" de s'attaquer à la pollution plastique en lançant début mars des discussions sur un traité régulant ce phénomène qui étouffe la biodiversité, selon la patronne de l'agence des Nations unies pour l'environnement.
"C'est un grand moment. Un moment pour les livres d'Histoire", explique dans une interview à l'AFP Inger Andersen, directrice exécutive de l'Unep, l'agence spécialisée de l'ONU dont l'assemblée générale qui s'ouvre lundi à Nairobi devrait lancer les pourparlers sur un traité international sur le plastique.
Un tel accord, dont l'élaboration prendrait plusieurs années, pourrait représenter "la plus grande avancée multilatérale en matière d'environnement depuis l'accord de Paris" sur la lutte contre le changement climatique en 2015, estime la responsable.
Plusieurs textes ont été déposés pour l'ouverture de négociations en vue d'un traité sur le plastique lors de l'Assemblée des Nations Unies pour l'environnement (ANUE), qui devra décider de la création d'un Comité intergouvernemental de négociation et, surtout, des sujets au menu des discussions: lutte contre la pollution, recyclage, éventuelles limites d'utilisation ou de production. Les négociations devraient durer au moins deux ans.
Mais le temps presse, alors que sur 460 millions de tonnes de plastiques produites en 2019 dans le monde, moins de 10% sont actuellement recyclés et 22% abandonnés dans des décharges sauvages, brûlés à ciel ouvert ou rejetés dans l'environnement, selon les dernières estimations de l'OCDE.
Une vingtaine de millions de tonnes de ces déchets arrivent dans les eaux de la planète, se répandant dans tous les océans, où il affectent la biodiversité marine "du plus petit plancton à la plus grosse baleine", selon le WWF.
Et le plastique est un dérivé des hydrocarbures, énergies fossiles à l'origine d'émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.
- Fermer le robinet -
Si Mme Andersen refuse de se prononcer sur le contenu exact à négocier, elle souligne qu'il est "illusoire" de chercher à réduire les déchets sans s'attaquer à la source. "Il est primordial de fermer le robinet. Si on continue à polluer ici et nettoyer là, c'est sans fin".
De nombreux pays, dont les Etats-Unis et la Chine, grands producteurs et utilisateurs, ont apporté un soutien de principe à un traité, mais sans s'avancer sur des mesures précises.
Des multinationales grandes consommatrices d'emballages, comme Coca Cola ou Unilever, ainsi que des producteurs ont pris des engagements, notamment en matière de recyclage, et se sont dit favorables à un traité.
Les ONG environnementales de leur côté plaident pour des limites de production.
"On ne pourra pas se sortir de cette situation juste par le recyclage", estime Mme Andersen. "Nous devons comprendre que le plastique fait partie de nos vies. On s'en sert dans la construction, le secteur médical, là où on en a besoin. Mais on s'en sert aussi à certains endroits où ce n'est pas le cas".
Des objectifs contraignants dans un cadre légal commun assureraient aux Etats et au monde économique un terrain équitable, insiste la responsable. Mais face à l'accumulation de plastique déjà constatée, "nous n'avons pas 10 ans, il faut le faire, et vite".
A quelques jours de l'ouverture formelle de l'assemblée, Mme Andersen affiche un certain optimisme, notant un niveau de soutien "très inhabituel" pour une telle initiative. "Il faut s'assurer que tout ça atterrisse, et atterrisse avec un vrai niveau d'ambition. Et nous allons pousser très fort en ce sens".
X.Wong--DT