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En treillis, portant des armes lourdes, des agents survolent la forêt amazonienne en hélicoptère à la recherche de bases d'orpailleurs dans le territoire des Yanomami, la plus grande réserve indigène du Brésil.
La vue aérienne permet de les débusquer beaucoup plus facilement, constate un journaliste de l'AFP: c'est une tache marron dans le vert émeraude, une surface déboisée où été installé un campement, avec dortoirs, cuisines et toilettes improvisés, et des moteurs de machines encore en marche.
Les opérations coup de poing se sont intensifiées à partir de la semaine dernière dans cette réserve aussi vaste que le Portugal, où l'orpaillage a causé une grave crise humanitaire, en raison notamment de la pollution des cours d'eau au mercure.
"Tout d'abord, nous avons installé des postes de contrôle pour nous attaquer à la logistique des activités illégales sur les principaux fleuves" du territoire yanomami, explique Felipe Finger, coordinateur du groupe spécial de contrôle de l'organe de protection environnementale Ibama.
"Maintenant, nous avons débuté une autre phase, pour attaquer l'orpaillage de front et en finir avec ces campements", précise-t-il, au milieu d'une opération conjointe de l'Ibama et de la Police routière fédérale (PRF).
Le gouvernement du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, en fonctions depuis janvier, a déployé d'importants moyens pour déloger les orpailleurs après la publication de données officielles faisant état de la mort en 2022 d'une centaine d'enfants de moins de cinq ans dans le territoire indigène yanomami.
Une enquête pour "génocide" a été ouverte, pour évaluer entre autres les responsabilités de membres du gouvernement du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, défait par Lula à l'élection d'octobre.
"Nous souffrons de diarrhée, de vomissements, et nous n'avons rien à manger", a dit à l'AFP un indigène qui n'a pas souhaité donner son nom, quand les agents de l'Ibama sont passés dans son village.
- "Or noir" -
En voyant de loin les hélicoptères des autorités gouvernementales, les orpailleurs ont fui dans la forêt, laissant derrière eux des sacs pleins de cassitérite, un dioxyde d'étain également connu comme "l'or noir", qui est aussi extrait illégalement de la réserve autochtone.
L'hélicoptère posé sur le campement, les agents incendient des bulldozers et interrogent un homme de 36 ans qui n'a pas eu le temps de s'échapper.
"L'orpaillage illégal ne va pas s'arrêter. Ça n'a rien à voir avec Lula ou Bolsonaro. Personne ne peut en finir avec cette activité, nulle part dans le monde", dit cet orpailleur, qui a parlé sous le couvert de l'anonymat et répond au nom fictif d'Eduardo dos Santos.
"On devient accro: si tu viens ici, tu ne veux jamais partir. Ici, je gagne 5.000 réais (environ 900 euros) par semaine. Où pourrais-je gagner ça en ville?", demande-t-il.
Selon les leaders yanomami, près de 20.000 chercheurs d'or clandestins ont envahi leur territoire, tuant ou violant des femmes et adolescentes indigènes, détruisant la forêt et polluant les rivières.
Un grand nombre d'entre eux a quitté la réserve début février, quand une partie de l'espace aérien a été fermé, empêchant le ravitaillement des bases d'orpaillage par avion.
La semaine dernière, le ministre de la Justice Flavio Dino a dit qu'environ 1.000 irréductibles se refusaient toujours à quitter les lieux.
Jeudi, des orpailleurs à bord de sept bateaux à moteur ont attaqué avec des armes à feu un poste de contrôle de l'Ibama sur le fleuve Uraricoera, dans la réserve yanomami.
L'un des assaillants a été blessé lors de la fusillade.
Cette attaque "est une réaction face à l'efficacité des opérations de reconquête du territoire par l'Etat", a déclaré vendredi la ministre de l'Environnement Marina Silva.
F.El-Yamahy--DT