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La France doit "sortir du déni" et se préparer à s'adapter à un réchauffement climatique qui puisse aller jusqu'à 4°C sur son territoire, a plaidé vendredi le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu.
"Tant mieux si on n'arrive pas à 4°C mais ne pas s'y préparer c'est exposer nos concitoyens, nos agriculteurs, nos activités économiques à des risques sans leur donner les moyens d'y faire face", a-t-il déclaré sur Europe 1.
Le ministre a installé jeudi le Comité de pilotage ministériel, chargé de finaliser le troisième plan national d'adaptation au changement climatique, le PNACC3. Ce plan doit être soumis à consultation publique au printemps avant d'être finalisé d'ici la fin de l'année 2023.
La future stratégie française reposera sur deux scénarios de référence, dont l'un, pessimiste, se traduirait par un réchauffement de 4°C en France par rapport à la fin du 19e siècle, la hausse des températures y étant plus importante que la moyenne mondiale.
"Il faut bien comprendre que se préparer à une France à +4°C, ça n'a rien à voir", avec la situation actuelle du pays, a souligné Christophe Béchu, citant des risques aggravés pour la montée des eaux, la perte d'enneigement, les sécheresses ou encore les canicules, durant lesquelles "on peut tangenter les 50°C" en ville.
"S'adapter à ça, c'est sortir du déni", a-t-il jugé. "Il faut qu'on investisse dans des matériaux qui nous permettent de résister à ces températures, ça veut dire penser l'organisation des services publics, les lois sur l'eau, la protection de la biodiversité, des sols, des règles sur les assurances..."
"En avril nous présenterons ces différents éléments et nous les rendrons publics", a indiqué M. Béchu.
- +3,9°C en 2050 ? -
Le choix de bâtir un plan d'adaptation sur deux scénarios est la conclusion d'un rapport de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (Igedd), dévoilé jeudi, qui a comparé les stratégies de huit autres pays riches (Allemagne, Autriche, Canada, Espagne, Japon, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suisse).
Tous, à l'exception de l'Allemagne, prennent en compte deux hypothèses de réchauffement sur la base des différents scénarios des experts climats de l'ONU (Giec), dont le pire scénario, celui prévu si les émissions de gaz à effets de serre continuent d'augmenter.
En revanche, l'actuel plan d'adaptation français, établi en 2011 et révisé en 2018, n'envisage que les risques d'un réchauffement à +2°C. Alors que le pire scénario du Giec se traduirait pour la France par une hausse des températures de 3,9°C vers 2050, selon Météo-France.
"Ni la France ni l’Europe ne sont une île, on ne vit pas sous cloche et d’autres pays dans le monde continuent à avoir des trajectoires qui ne correspondent pas à aux accords de Paris", commente l'entourage du ministre pour justifier d'intégrer désormais le scénario catastrophe.
D'autant qu'une récente étude du CNRS a revu à la hausse les prévisions pour la France: même si le scénario intermédiaire du Giec, celui qui exige une réduction volontariste des émissions mondiales, se réalisait, le réchauffement y serait de +3,8°C d'ici la fin du siècle.
Le dernier rapport du Giec a montré que la planète avait déjà gagné en moyenne près de 1,2°C depuis l'ère pré-industrielle en raison des gaz à effet de serre générés par les activités humaines. Pour la France en particulier, cette hausse est déjà de quelque 1,7°C.
Sans un renforcement des politiques actuelles, le monde se dirige selon le Giec vers un réchauffement de +3,2°C d'ici 2100, qui serait plus important encore en France.
I.Uddin--DT