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Un bilan contrasté qui cache pourtant une mauvaise nouvelle: malgré une présence plus abondante dans les jardins en hiver, en raison notamment des migrations ou de changements de comportements, la population d'oiseaux communs de France continue de se dégrader, annonce mardi la Ligue pour la protection des oiseaux.
Entre 2012 et 2022, le top 10 des espèces d'oiseaux les plus fréquemment observées n'a que peu évolué, dominé par les mésanges, moineaux, pigeons et merles, selon l'observatoire des jardins, vaste opération de science participative menée sous l'égide de la LPO et du Museum national d'histoire naturelle (MNHN) à partir d'observations de 85.000 particuliers (dont plus de 28.000 en 2022).
L'apparente stabilité recèle toutefois d'importants contrastes saisonniers. En hiver, 49% des espèces d'oiseaux ressortent en augmentation, 20% sont stables et 11% déclinent, alors qu'au printemps les tendances s'inversent totalement, avec 41% d'espèces en régression, 24% stables et 2% en progression.
Mais pour le président de la LPO, Allain Bougrain-Dubourg, il ne faut pas s'y tromper: "Même si on peut être surpris par ces chiffres en apparence contradictoires, la faune de France, les oiseaux +bien de chez nous+, c'est au printemps qu'on peut les observer. Et le constat est clair, c'est un déclin alarmant et pour certaines espèces une véritable hécatombe que l'on observe", a-t-il déclaré mardi lors d'une conférence de presse.
Une tendance qui corrobore les dernières études: en 2021, l'Office français de la biodiversité et le MNHN avaient alerté sur le déclin de 30% des oiseaux communs en France, se basant sur des observations d'ornithologues professionnels. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) fait elle état d'une menace de disparition de France concernant 32% des oiseaux nicheurs.
Comment expliquer des chiffres si opposés entre hiver et printemps ? Tout simplement parce qu'"en hiver, on a plusieurs interférences qui interviennent", comme notamment la présence accrue d'oiseaux migrateurs, qui repartent ensuite au printemps, ou le changement de comportement de certains oiseaux qui manquent de nourriture dans leur habitat naturel et se réfugient dans les jardins pour trouver une source alimentaire de substitution, explique l'ornithologue Benoît Fontaine.
Parmi les espèces les plus emblématiques de ces phénomènes de report, on trouve la fauvette à tête noire (+57% en 10 ans selon l’observatoire) et le chardonneret, espèce menacée, qui voit sa présence augmenter de 83% dans les jardins français.
A l'inverse, pour d'autres espèces, comme le martinet noir (-46%) ou le verdier d'Europe (-46%), les coins de verdure domestiques ne peuvent rien pour endiguer une lente érosion, causée principalement par la disparition de leur principale source de nourriture, les insectes, décimés par les pesticides de l'agriculture intensive.
La pollution, l'artificialisation des terres ou l'aménagement de certains bâtiments empêchant la nidification figurent parmi les autres causes du déclin de nombre d'oiseaux de proximité en France.
D.Naveed--DT