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Coup de tonnerre à Saint-Malo. Le départ de la 12e édition de la Route du Rhum, prévu initialement dimanche, a été reporté en raison des conditions météo difficiles menaçant les marins et leurs voiliers, une première dans l'histoire de la célèbre course transatlantique en solitaire.
"Il était possible de donner le départ dimanche, mais la flotte se serait rapidement retrouvée dans un état de mer très fort avec des rafales de vent atteignant les 100 km/h et 6 à 7 mètres de creux. On sait qu'il y aurait eu de la casse et potentiellement plus grave", a expliqué à l'AFP Francis Le Goff, directeur de la course.
L'annonce a été faite dans la matinée à l'issue d'un briefing météo donné aux 138 marins engagés sur la course, qui a lieu tous les quatre ans depuis 1978 et dont le départ n'avait jamais été reporté.
"C'est la bonne décision. Quand on est marin et qu'on sait que les conditions à venir sont dures, il faut savoir être raisonnable et rester au port", a-t-il estimé. Le départ de la flotte est désormais prévu "mardi ou mercredi" au large de la cité corsaire.
- Mise à l'abri -
Sur les pontons, l'inquiétude avait commencé à monter en milieu de semaine chez les marins engagés, amateurs et professionnels. Les bourrasques attendues et la mer chaotique laissaient présager le pire pour les catégories de bateaux les plus fragiles.
Lors d'un point presse vendredi, les organisateurs avaient suggéré à ces bateaux de s'abriter dans les ports environnants, en attendant une accalmie. Mais étant donné le nombre record de partants pour cette 12e édition, il était impossible de garantir une place à tout le monde dans l'urgence.
"Les bateaux les plus rapides auraient, peut-être, pu éviter le coup de vent en se dirigeant vers l'Irlande, mais pas tous. Et il n'y aurait pas forcément eu la possibilité pour 138 bateaux de trouver refuge", a expliqué à l'AFP François Gabart (SVR-Lazartigue).
Samedi, c'est le soulagement qui domine chez la plupart des marins interrogés, y compris les favoris, pourtant plus à même d'affronter le mauvais temps à la barre de bateaux ultra-modernes, comme les trimarans géants Ultim.
"Les conditions météo sont exceptionnelles, donc c'est une sage décision", a réagi Armel Le Cléac'h (Banque Populaire). "C'est bien. On savait qu'on allait à la guerre, mais c'est nos Jeux Olympiques à nous, donc on y serait allé quand même (...) et ça pouvait être dangereux", a dit Charles Caudrelier (Maxi Edmond De Rothschild).
- 'La bagarre sera belle' -
Selon le météorologue Jean-Yves Bernot, grand spécialiste de la course au large, "les petits bateaux ne faisaient pas trop le poids" face aux conditions annoncées. Aucun choix de trajectoire en direction de la Guadeloupe ne permettait "d'éviter le coup de vent".
"Il n’y avait pas moyen de s’échapper. La seule solution était de s’arrêter en Bretagne et de se planquer", a-t-il estimé, ajoutant que "mardi ou mercredi ce sera moins dangereux".
Conséquence de ce report, Emmanuel Macron, qui devait assister au départ sur l'eau dimanche va se rendre plus tôt à la 27e conférence de l'ONU sur le climat (COP27) en Egypte.
Le village de l'événement, qui a accueilli plusieurs centaines de milliers de visiteurs depuis son ouverture le 25 octobre, devrait vraisemblablement fermer ses portes dimanche en fin de journée.
La direction de la course n'a pas encore communiqué sur la date et l'heure exactes d'un nouveau départ, mais promet que "la bagarre sera belle" lorsque le coup de canon retentira enfin.
Y.Rahma--DT